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26 septembre 2006

LIVRE : La Fin des Temps (Sekai no owari to hâdo boirudo wandârando) de Haruki Murakami - 1985

420_01_1_Ce n'est peut-être pas en effet le meilleur Murakami, mais cela se lit encore une fois avec passion et délicatesse. Deux histoires croisés, l'une dans le Japon moderne qui nous emmène dans l'enfer des égoûts de Tokyo (peuplés de ténébrides -des créatures plus viles que dans the Descent - et de milliards de sangsues - Taman Negara, le parc National de Malaisie, à la saison des pluies: cela sonne plus familier -), l'autre dans un monde imaginaire (idyllique même, tendance Meilleur des Mondes:"Tu me dis que dans cette ville il n'y a ni lutte, ni haine, ni espoir. Magnifique! Tiens, si j'en avais la force, j'applaudirais. Mais qu'il n'y ait ni luttes, ni haine, ni désirs signifie qu'il n'y a pas non plus le contraire de tout cela. C'est-à-dire la joie, la béatitude, l'amour. C'est parce qu'existent le désespoir, la désillusion, la tristesse, oui, c'est de là que naît la joie. Une béatitude sans désespoir n'existe nulle part")) où les licornes gardent dans leur crâne les vieux rêves, l'égo de ses habitants... Si les deux parties finissent par se rejoindre, il faut avouer que les passages dans ce monde utopique manquent un peu de relief, mais bon.

Dit comme ça, je sens poindre dans vos yeux un soupçon énigmatique mais c'est là que réside la puissance de Murakami, celle de nous entraîner jusqu'au bout du monde, jusqu'à la fin des temps en nous menant par le bout du nez. Il y a toujours quelques jolies jeunes filles et nymphettes prêtes à partager la couche du héros ("Mais sans amour, c'est comme si le monde n'existait pas, non? dit-elle. Sans amour, le monde n'est qu'un souffle de vent qui passe devant tes fenêtres. Ne pas pouvoir toucher la main de quelqu'un, c'est comme être privé d'odorat") et une atmosphère musicale, cinématographique (John Ford) et littéraire (encore et toujours Kafka) très occidentalisée. Un petit bémol tout de même pour toute la partie pseudo-scientifique (le codage informatique du shuffling et les théories sur la façon de séparer les "états de conscience" dans le cerveau) qui deviennent un peu brouillonnes - surtout quand on est sur une plage... Quelques phrases lapidaires d'un humour de haute volée permettent malgré de garder le sourire tout au long du récit et de savourer un rictus au visage la mousse légère de sa Suntori ...

" "Ouvre l'étagère du haut à droite. Je pense qu'il doit rester la mousse à raser de mon mari [décédé]". Je trouvai effectivement sur l'étagère une mousse à raser Gillette parfumée au citron et un élégant rasoir. La bombe de mousse à raser était à moité vide , et une mousse blanche séchée était restée collée au bec verseur. Mourir, c'est laisser derrière soi une bombe de mousse à raser à moitié vide."

"Je pense qu'il me fallut environ deux minutes pour finir de vider ma vessie. Pendant ce temps, j'entendais le Boléro en fond musical. C'était une étrange expérience de pisser en écoutant le Boléro de Ravel. Il me semblait que j'allais pisser éternellement."

Commentaires
S
Gros plutôt que grand, dirais-je, et que tous les mineurs ne deviennent pas des majeurs...
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G
Jolie lecture de ce livre, fiston. Même les Murakami mineurs sont de grands livres. Celui-là m'a bien plu, mais tout à fait d'accord sur le côté brouillon et les longueurs.
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