Amours Chiennes (Amores perros) de Alejandro González Inárritu - 2000
Voilà un film que je déconseillerais fortement à mon pote Shang : tout au long des 2h40 de Amours Chiennes, on torture des chiens. Combats dans des caves insalubres, coinçage de gente canine dans des parquets bourgeois (le clebs ressemble au Proutouie de Shang, ça lui arracherait le coeur), égorgements de cabots, traînage de carcasse chiennesques, etc... Bref, c'est la saint Pluto. En tout cas, Inárritu a dû avoir un budget animalier colossal, vu le nombre de cadavres de clébards, ou au moins aller faire une razzia dans les laboratoires de L'Oréal.
Ceci dit, c'est un bon film, du moins dans ses deux premiers tiers. Le scénario tient bien la route, on reconnaît la papatte du réalisateur de 21 Grams : destins qui se croisent alléatoirement autour d'un évènement, épaisseur des personnages, souci du détail biographique, et ce talent pour sortir brusquement de la trame un personnage secondaire pour en faire un enjeu capital de l'histoire (ici, une blondasse mannequin qu'on n'attendait pas au tournant). Le rythme, nerveux, tenu, tendu, est très bien maitrisé, surtout au début du film, malgré quelques tics un peu voyants (le cameraman a l'air largué par l'action, un poil en retard et essoufflé par Gael Garcia Bernal, qui joue à une vitesse dingue). Le scénar est donc assez intelligent, avec un point culminant : un chienchien à sa mémère coincé, donc, dans un parquet, qui donne lieu à des séqueces hilarantes... Je me rends compte en lisant ce que je viens d'écrire que ce n'était sûrement pas de le but d'Inárritu de nous faire rire, mais je vous promets, c'est poilant. On regarde tout ça bouche bée, et on attend que le gars continue à nous éblouir.
Malheureusement, la troisième partie est moins inspirée, une histoire de clochard tueur à gages, mais sensible quand même, qui veut retrouver sa fille. Là, le relâchement dans la direction d'acteurs (le type est vraiment cabot, eheh), le mauvais dosage de l'émotion, et la trop grande ambition de l'écriture, gâchent un film qui était jusqu'alors convaincant dans sa brutalité et sa linéarité. Des longueurs, une sorte d'oubli de ce qu'on est en train de filmer assez troublante : ça s'écroule un peu. Reste un film agréable et original.
A regarder bien accompagné, surtout.