The Blade (Dao) (1995) de Tsui Hark
Gros gros film de bastons - 4576, j'ai compté - à tel point qu'on prie parfois pour qu'elle s'arrête... mais c'est comme espérer qu'un héros d'un film de Rohmer va finir par se taire.
C'est The film de Sabres des Années 90 et si rien ne m'enlèvera dans l'idée que Tsui Hark est meilleur producteur que réalisateur, le type a quand même du brio dans les scènes d'action, même si l'on tombe aussi parfois dans le brouillon. Si les scènes d'entrainement et le combat final sont relativement brillants, j'avoue avoir parfois détourné un oeil de la télé, sûr de ne pas manquer grand-chose, pour surveiller les moustiques qui pullulent à cette saison à Shanghai. Bref, une femme aime deux hommes (déjà vu quelque part ça mais où?), Tête d'acier et Ding on (ben ouais, il est pas traduit l'autre)... On les retrouvera réunis pour le final après donc 4575 combats. Entre-temps Ding on est devenu manchot mais a gardé la tête froide, apprenant dans un livre à moitié brûlé (s'en fout il est manchot, j'ai dit) les finesses de l'art du combat: attaché à une corde, il se gauffre sévèrement au début mais ensuite avec son sabre brisé hérité de son père (...) il coupe le bambou à la vitesse de l'éclair. Il fait la connaissance aussi d'une sauvageonne qui a bien fait d'arrêter le cinéma depuis. Tête d'acier, parti à sa recherche, fera la connaissance de la sublimissime Valérie Chow, prostituée chaffouine (l'hôtesse de l'air de Chunking Express, seconde Miss Hong-Kong 1991 (Gols fronce le sourcil) et franchement je veux jamais croiser la gagnante...): il a deux bras, c'est normal, il a le chocolat. L'héroîne devra se consoler en fumant la pipe, c'est la morale de l'histoire, comme dans un Rohmer en fait.
C'est certes efficace en diable - ben oui c'est édité en France par Christopher Gans... - mais à force de faire le malin, Tsui Hark finit souvent, comme son héros Ding on, par tomber dans le ravin... Vain, c'est ça aussi... Sublimes chorégraphies avec tourneboulé de caméra à terre (je vous jure, faudrait l'engager pour filmer le patinage artistique ce type), mouvements de grue par-dessus les toits et par dessus la jambe aussi parfois, plan-séquences dont le plus long doit durer 12 secondes, des couleurs oh la belle rouge, oh la belle bleue... mais comme dirait Lanvin dans Mes Meilleurs Copains, l'émotion et le feeling, il les a laissés au vestiaire: personnage féminin sans âme, plan sur un chaton pour parler du bon temps de la paix (...), des dialogues Bessonien ("Je ne te dirai pas le nom de celui qui a tué ton père tant que je serai vivant!" - putain quand alors?, ou encore, cet énorme "Pourquoi existons-nous?" susurré par l'héroîne à la fin du film qui nous fait tomber le deuxième bras) et j'en passe...
Pour amateurs - enfin surtout pour ceux qui n'ont pas envie non plus de trop se casser la tête.