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28 mars 2024

Vincent doit mourir de Stéphan Castang - 2023

Comme souvent les premiers longs-métrages, Vincent doit mourir est basé sur une excellente idée... mais s'effondre en cours de route, faute de souffle, faute d'écriture, faute d'audace. On voit sans arrêt le potentiel que le projet de base avait, et on souffre d'autant plus de voir Castang buter contre ses ambitions de départ, hésiter entre les genres et les styles et finir par se perdre. D'autant que le bougre semble doté d'un bon sens de la mise en scène : il sait gérer les rythmes, il sait surprendre par la place de sa caméra, il sait ce qu'est une profondeur de champ, il connait les rouages du film fantastique. Comment se fait-il alors qu'il aille se perdre dans les chemins de la comédie sentimentale, alors qu'il avait tout pour réaliser un solide thriller paranoïaque ? On accusera, une fois n'est pas coutume, la divine Vimala Pons : trop fantaisiste, trop décalée dans son jeu, elle fait rentrer dans la chose un humour qui lui va mal au teint. Grosse erreur de casting, à mon avis,  mon respect gardé à cette excellente comédienne.

Il y avait de toute façon déjà une faute de casting avec le décidément médiocre Karim Leklou, acteur mollasson et inexpressif à la mode en ce moment. Il est en charge d'incarner Vincent, brave type sans histoire qui, un jour, devient la cible du reste de l'humanité : sans raison, tous ceux dont il croise le regard veulent subitement le tuer, comme s'il concentrait sur lui seul toute la haine du monde, comme si les réseaux sociaux étalaient leur soif de violence dans le monde réel. Fuyant cette malédiction, devenant un vrai paria, il découvre peu à peu qu'il s'agit d'un mystérieux virus qui touche d'autres personnes. Il faudra la rencontre avec Margaux pour que cette fatalité se transforme en amour potentiel, sachant que l'amour se teinte forcément d'envies de meurtre par-ci par-là.

Conte philosophique, film d'horreur, comédie, étude de moeurs, film catastrophe, Castang veut tout faire et réussit à peu près partout. Le seul souci est que c'est un peu trop pour un seul film, et qu'on se retrouve vite à ne plus trop savoir sur quel pied danser. La première demi-heure est super, le film arrive à mettre son personnage à égalité avec le spectateur : on découvre en même temps que lui la malédiction dont il est la victime, et on tremble à ses côtés de croiser le regard des gens. Castang réussit parfaitement son ambiance inquiétante de fin du monde "douce", et travaille intelligemment sur la violence larvée de toute société, qui trouve ici à se libérer. Mais peu à peu, le film se retrouve à piétiner un peu, à ne plus trop savoir quoi raconter, et on dirait que la naissance de cette histoire d'amour/solidarité commence un deuxième film, moins captivant. Il verse dès lors dans la comédie pure, et peine à se développer : la fin par exemple est décevante, le souffle du réalisateur s'est avéré beaucoup trop court pour réussir sur la longueur. Une nouvelle tentative de cinéma fantastique "à la française", mais celle-ci, trop diluée dans d'autres genres, fait plouf.

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