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28 mars 2024

Marinaleda de Louis Seguin - 2023

Il reste encore des territoires inexplorés dans le cinéma, français en particulier, et j'avoue que ça fait bien plaisir de tomber sur un bidule comme ce Marinaleda : on y est troublé, désaxé, mis face à la perplexité et à la surprise, mais tout ça en évitant soigneusement la cérébralité trop poussée ou la théorie trop abstraite. Très ludique, ce moyen-métrage venu de nulle part nous raconte l'errance de deux jeunes hommes sur les petites routes de Corrèze. Ils font du stop sans trop en faire, préfèrent faire des siestes dans l'herbe ou croiser des gens pour papoter, ce sont de vrais dilettantes de la route. Leur but est pourtant précis : rejoindre Marinaleda en Espagne, dernier village communiste. Peu à peu, on comprend la marginalité dans laquelle ils vivent volontairement : ils sont en fait des vampires, se nourrissant au hasard du sang des accidentés de la route ou des rencontres de passage. A l'occasion d'une rencontre avec Lise, jeune fille attirée par l’étrangeté de ces deux mecs et peut-être par la possibilité d'une aventure, ils vont le temps d'une soirée pouvoir partager leur aventure... et pourquoi pas faire une adepte de plus.

Il s'agit donc bien d'un film fantastique, mais rien dans le film n'est effrayant, noir, gothique. Les deux vampires représentent un état de la jeunesse d'aujourd'hui, un peu perdue mais aussi infiniment cool, volontiers adepte du voyage, de l'inconnu, de l'aventure inattendue. Irrésistibles, ces deux garçons sont romantiques et glandeurs, et leur malédiction (être vampires) semble n'être qu'une expérience étonnante de plus, comme celle d'essayer la drogue (leur bouteille de sang qu'ils partagent volontiers) ou de discuter avec des gens. Les dialogues sont franchement bien écrits, et finissent de planter ces deux personnages singuliers, lunaires, immédiatement photogéniques, surtout posés dans le décor de la Corrèze profonde. Si référence il peut y avoir à ce cinéma, elle serait à chercher du côté de Guiraudie ou de Lépingle, dans cette façon très originale de raconter les choses, dans ce fort ancrage territorial, dans cette façon se se saisir d'un genre pour en faire autre chose. Marinaleda assume son côté flou, ses emprunts diffus, ses chemins de traverse, son incertitude, son côté modeste. Mais le ton est indéniablement nouveau et déstabilisant, et rien que pour le trouble qu'il déclenche, pour cet humour en porte-à-faux, pour le charme de ses personnages et pour l'extrême personnalité qui s'en dégage, on est prêt à repartir pour un tour dans le cinéma de Louis Seguin.

 

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