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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 mars 2024

Le Fleuve de la dernière chance (Smoke Signal) de Jerry Hopper - 1955

Ah le Grand Canyon, ses vagues meurtrières, ses remous tumultueux, ses chutes vertigineuses ! C'est dans ce décor hostile que Jerry Hopper plante sa caméra pour réaliser un western qu'il voudrait intrépide et plein de risques. Jugez vous-mêmes de la tension du truc : un fort est encerclé par une bande de (fils de) Utes, exerçant une pression constante sur nos braves blancs bientôt à court de munitions. Pour s'en sortir, une seule solution : affronter avec de pauvres barcasses le fleuve maudit, connu pour avoir noyé moult voyageurs intrépides. Le valeureux capitaine Harper tente la traversée, et embarque avec lui une poignée d'hommes, une seule femme (la gironde Piper Laurie) et surtout un type qu'il soupçonne (à tort) d'être l'instigateur de la guerre contre les Indiens : j'ai nommé Brett Halliday (Dana Andrews), qui malgré sa bonne volonté, les preuves de sa dévotion pour ses camarades et son courage inaltérable, continue d'endurer les soupçons du capitaine.

Avec 3,20 dollars et un casting de seconds couteaux, Hopper voudrait réaliser un grand western plein de glamour et d'action. Il est très vite rattrapé par la modestie de son budget et la pauvreté de son talent. Surtout, malheureusement, en ce qui concerne LE morceau de bravoure central de son film : le fameux fleuve. Il utilise des transparences absolument affreuses et montées en dépit du bon sens (genre la barque filmée horizontalement et le courant verticalement) et ne parvient jamais à faire croire à ces hommes tombant de leurs embarcations avec des arrrgh d'effroi. En passant : le gars semble avoir du mal avec les cascades, et on peut voir par exemple des Indiens hilares tomber de cheval en effectuant des triples salto-arrière peu crédibles. Mais même sans ça, le film est bien poussif : personnages peu aimables (un capitaine obtus, un trappeur à la con, une femme sans charisme, un Dana un peu absent), une trame répétitive, un manque de nerf dans l'action, une mise en scène fonctionnelle et cheap... Il n'y a que dans les beaux paysages, joliment mis en valeur par le Technicolor, qu'on peut trouver de quoi se distraire, ainsi que dans quelques petits détails qui montrent enfin de la personnalité : un suspense qui tient à un gusse qui gravit une falaise (il la redescendra de façon beaucoup plus brutale), un plan final assez étrange montrant Dana Andrews comme un étranger impénétrable, quelques pics de violence inattendus et salvateurs. Mais étant donné qu'il rate le point central de son film, la descente du fameux fleuve, qui paraît à peu près aussi dangereux que la Peyne à Pézenas (2 cm de large par grosse tempête), on traverse très mollement ce film de série.

Go to the Mid-West

Commentaires
M
Mon 1er western. Le premier de toute ma vie. A l'âge où l'on s'attend à ce que les acteurs sortent de derrière la toile où ils s'étaient cachés.
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O
Bah. Laisse Gols vaquer à ses caraxeries de sous-bois, la Brennoche. <br /> Il est très chouette, ce film. Pile poil dans les dernières heures de l'âge d'or du genre, où même un truc comme ça, torché en pilotage automatique, ne cherchant pas une seconde à tutoyer l'orteil d'un Wellman, d'un Hawks ou d'un Daves, a toujours cent fois plus de gueule, de peps et de vitalité que les pseudo-fresques d'un Kevin Costner ou d'un (allez, j'ose) Clint Eastwood. <br /> La toile a encore de beaux sundowns devant elle, va.
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