Les Filles vont bien (Las Chicas están bien) (2023) de Itsaso Arana

Un certain et évident plaisir pris à la vision de cette histoire (estivale) de jeunes filles entre elles : on retrouve (comme chez son mentor (simple mentor ? Arana fit en tout cas l'actrice chez lui...) et producteur Jonás Trueba) le même goût pour une mise en scène pleine de naturel et pour des dialogues qui fusent. Le principe est simple (même si, on va jouer, là aussi avec un certain naturel, des codes du cinéma : peut-on s'adresser directement à la caméra ? bien sûr puisqu'on est là pour réaliser un film...) : sous la houlette d'une metteur en scène (Itsaso Arana herself), quatre jeunes femmes vont répéter une pièce dans une sympathique maison de campagne à proximité d'un petit village champêtre ; cinq jeunes femmes qui se rencontrent et qui vont prendre, en groupe ou en duo, un certain plaisir à échanger, plus peut-être que sur leur façon d'aborder leur rôle, sur la mort, sur l'amour, sur la vie quoi... Chacune a son petit problème à régler, mais aucune ne va hésiter à s'ouvrir, sous l’œil attentif d'Itsaso, toujours prête à leur souffler leur "rôle", à leur écrire une partition sur mesure... Chacun se livre, sans tension, dans cet endroit reculé du monde, où ne vont pénétrer que la vieille maîtresse des lieux, une enfant et un jeune amant occasionnel... On joue, on rit, on se confie et chacun de faire le point sur sa vie...

C'est un film relativement léger mais qui ne paraît en aucun cas, et ce n'est le moindre de ses charmes, artificiel. Chacune de ces filles - qui va tendre, sur la fin, à une petite confession intime - tente en toute liberté et en toute confiance de se raconter, de s'écouter, de se conseiller, de s'entendre... Chacune a un caractère déjà défini dans la pièce mais leur caractère propre finit résolument par l'emporter sur ce "jeu de rôles" ; il sera notamment question ici d'un amour qu'on n'a jamais osé avouer, d'un aveu qu'on aimerait faire à sa mère disparue, d'une déclaration qu'on aimerait faire à son futur enfant... Par le biais de souvenirs, d'auto analyse bon enfant, d'expression libre, chacune semble pouvoir se rendre capable de surmonter ses peurs, pour pouvoir évoquer ses envies, pour pouvoir enfin libérer leurs paroles. Des discussions qui ne paraissent jamais en rien oiseuses, chacune tentant avec une belle sincérité d'avouer ses troubles, ses réticences, ses blocages... On aime ces petits films d'été qui laissent le temps à tout un chacun de s'exprimer, qui n'enferment jamais les personnages dans une ligne clairement définie, dans un scénario semé de petits cailloux blancs. Jonás a résolument trouvé une alter ego cinématographique prometteuse. Un petit vent frais hispanisant des plus gracieux et des plus convaincants.