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23 novembre 2023

De chaque Instant de Nicolas Philibert - 2018

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Elle est longue et semée d'embûches, la route qui vous fait passer de simple adolescent à infirmier. Si on en croit en tout cas ce documentaire de Nicolas Philibert, qui suit les différentes étapes de la formation de ces jeunes gens dans le difficile apprentissage des gestes techniques, de l'attention, de la précision que nécessite le soin aux malades. En trois étapes (la formation, le stage, le bilan de stage), le compère exerce une nouvelle fois son empathie et sa bienveillance à la rencontre de ces jeunes poussins mis en face de la dureté du métier, et de la vie tout court. Car peu à peu, derrière la technicité de leur apprentissage, c'est une manière de vivre ensemble, d'affronter les autres qui est mise en question. Il est beaucoup question de corps ici, bien entendu : comment on le manipule, comment on le supporte, comment on le pique ou comment on l'accompagne ; mais il est question aussi de mots, beaucoup. Dans le dernier chapitre notamment, nos apprentis infirmiers sont appelés à discuter avec les maîtres de stage de leurs difficultés, de leurs satisfactions, de leur avenir. Et on voit dans la diversité des expériences (ça va du harcèlement d'un médecin envers la jeune stagiaire jusqu'à un petit mec qui découvre une vocation) toute une gamme de caractères différents, toute une palette de motivations plus ou moins sûres. Même si les malades sont omniprésents, c'est bien à ces apprentis-infirmiers que s'intéresse De chaque Instant. A leur personnalité, qui s'exprime justement par les gestes techniques de l'hôpital. Et c'est assez touchant de constater avec quelle bienveillance la caméra de Philibert scrute ces caractères, ceux irradiant de confiance et de bonheur d'aider, ceux dont on sent bien qu'ils se sont trompés de voie, ceux terrifiés par la tâche, ceux se découvrant une passion pour telle ou telle spécialité (très belle scène en psychiatrie avec ce jeune mec très attentionné envers la patiente hilare).

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C'est sec, simple, sans crânerie, quitte même à paraître anonyme et sans style. C'est un peu le problème de Philibert depuis toujours : tellement désireux de rendre toute justice aux milieux et aux gens qu'il filme, qu'il en oublie de faire acte de metteur en scène. Les deux premiers chapitres, même s'ils ne sont pas dénués d'humour et d'intérêt, ont tout d'un simple documentaire télévisé lambda. La caméra est scolairement au bon endroit, oui, on se sent immergé dans le lieu, oui, mais on a aussi l'impression d'avoir vu 40 films semblables sur le sujet. Heureusement, cette dernière partie dévoile un peu mieux la teneur du projet : non pas vraiment faire un film sur des apprentis-infirmiers, mais faire un film sur des jeunes gens en plein tournant de leur vie, se posant des questions dans leur rapport aux autres. Au final, c'est assez intéressant à regarder.

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Le fil de Philibert

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