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Shangols
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6 décembre 2023

The Killer (2023) de David Fincher

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Plutôt curieux ce dernier opus fincherien qui met en scène un tueur, guère avare en mots quand il s'agit de parler en voix off de son taff (c'est chiant, sniper, en gros, il faut juste être au taquet au bon moment), relativement taiseux dans son rapport aux autres. C'est un pro (Fassbender, taillé comme une ogive) qui a toujours su exécuter ses contrats avec précision et efficacité... Jusqu'au petit grain de sable qui va faire tout dérailler... Pour faire bref, il rate de quelques millimètres son objectif et tout va partir en quenouille : un échec équivaut dans ce taff à un arrêt de mort et notre homme va se voir titillé jusque dans son intimité même. Surpris mais putain de revanchard, Fassbender part alors à la recherche de ces tueurs de tueurs et de leurs divers commanditaires : une gabegie de carnage à l'horizon ? Probable.

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On ne peut reprocher à Fincher de faire, surtout au départ, dans l'économie de moyen : sniper, c'est chiant, et la première séquence fait tout pour nous le faire ressentir. C'est heureusement filmé au cordeau, proprement, avec un soin très particulier porté au son, Fincher rendant avec une précision diabolique les sons de l'extérieur et les sons perçus par son tueur. On se retrouve sans cesse ballotté entre ce qui se joue dans son cerveau de tueur froid et ce regard (froid) de l'extérieur que l'on porte sur lui. Ce type est une mécanique (de mort) et même quand tout déraille dans son petit univers professionnel et privé, la même logique s'applique : détruire ceux qui veulent lui nuire... On voyage (un découpage en chapitres, des lieux différents, ce serait presque jarmuchien s'il y avait du fond), on assiste encore et toujours à la façon magnanime avec laquelle notre tueur prépare et exécute ses missions (rien n'est laissé au hasard dans la forme, la pitié n'est pas une option dans le fond) et on passe avec lui consciencieusement et sûrement chaque niveau de ce drôle de jeu vidéo filmé avec un certain soin, certes. Jusqu'à cette rencontre avec Tilda Swinton, un long monologue là aussi qui n'aurait pas dépareillé dans un Jarmush s'il y avait un poil d'humour ou d'ironie ou si la réflexion "philosophique" de la Tilda n'était pas si tiède, un monologue qui va peut-être permettre à  notre tueur de commencer, enfin, à se poser des questions sur son métier, sur sa fuite en avant sanguinaire... Cela empêchera-t-il le jeu de massacre ? Rien n'est moins sûr... Il faudra attendre le dernier niveau (la rencontre du/contre le boss) pour avoir un semblant de réponse (la tragédie melvillienne du "tueur tué" est-elle forcément fatale ?), si jamais vous n'avez pas décidé de vous-même auparavant de game-overer cette œuvre plus languissante que frémissante... Fincher livre une petite commande sous forme de copie très soignée, sans, une nouvelle fois, vraiment nous convaincre sur l'intérêt, même minime, de la chose. Les ultimes samouraïs sont-ils voués à ne sabrer que le champagne ? Je vous laisse avec cette réflexion un rien laconique...  (Shang - 11/11/23)

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Difficile en effet de cerner exactement ce qu'a voulu faire Fincher dans ce film-là. Mais pour moi qui ne suis pas client de ses acrobaties crâneuses habituelles, j'ai été plutôt convaincu par cette œuvre sobre et ouvragée. La première séquence est vraiment belle, hommage peut-être à Fenêtre sur Cour mais en tout cas beau travail sur la voix-off. On entend les pensées new-age du tueur, l'habituelle litanie des lois immuables de l’assassin à gages, mais à l'écran tout semble démentir ce qu'on entend : il ne se passe rien, le bougre se fait chier comme un rat mort à dormir sur des tables et à manger des sandwichs, et quand arrive enfin le moment T, il rate son coup. Le film se poursuivra un peu sur cet air ironique, la voix-off venant souvent en contradiction avec les images ("Toujours anticiper", dit-il, en se faisant totalement dépasser par ce qui lui arrive). Il faut dire que le gars a de sérieux problèmes, que tout semble lui échapper des mains, et qu'il rattrape à chaque fois les choses in extremis. Assez amusant de voir Fassbender et sa plastique robotique à force d'être lissée (il court comme dans un manga) aux prises avec le monde moderne, brutal, incarné, trivial : cet homme n'a jamais affronté le monde tel qu'il est, le tenant toujours à distance physiquement et émotionnellement, et cette fois il y est confronté. C'est ce qui fait le sel de la superbe scène de bagarre : un exemple de mise en scène lisible et rythmée, plans longs et coups qui vous atteignent directement dans votre fauteuil. C'est simple sur le papier, une scène de bagarre ; là, on voit tout le talent de Fincher pour la densifier, la rendre brutale et sauvage. J'aime beaucoup moins la scène avec Swinton, qui m'a semblé très convenue (on l'a déjà vue chez cette comédienne qui se spécialise dans les scènes étranges, déréalisées, comme chez Jarmusch effectivement). Le film est certes parfois déceptif, plongeant dans de longs moments trop sérieux, trop contemplatifs, trop poseurs ; mais dans l'ensemble, il se suit avec bonheur, renouant avec Le Samouraï de Melville tout en en proposant une version 2.0 plus froide, plus ironique, plus désabusée, plus moderne, plus musclée. J'aime.   (Gols - 06/12/23)

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