Le Protecteur (Yi zhao ban shi chuang jiang hu) (1978) de Chi-Hwa Chen

Après Lee (Bruce) et Li (Jet), ces enfoirés de Criterion ont eu l'idée malsaine de faire un coffret sur Chan (Jackie) : c'est donc six films avec ce jeune félin sauvage que je vais devoir me taper pour vous en rendre compte avec mon objectivité légendaire... On commence avec ce peu coté Protecteur au cours duquel le Jackie tente de faire preuve de ses dons de comique (affreux) et de fighter (plus convainquant, forcément - et heureusement en un sens). Après un générique d'entrée plutôt réussi (Chan parodise les grands personnages classiques dans le genre - petit faiblesse pour le fameux samouraï aveugle), Chan, en toute humilité, incarne un petit poltron arriviste et maladroit... Il se fait un petit paquet d'argent en livrant un bandit... arrêté par un autre chasseur de prime (un grand professionnel du fouet mort justement lors de l'arrestation du criminel recherché) et n'hésite point par la suite à se faire passer pour cette légende des arts martiaux... Il se fera, bien sûr, au passage moult ennemis et décidera, pour ne pas se faire laminer, d'apprendre, grâce à quelques conseils d'amis et des bouquins spécialisés l'art du combat... Notre petit chat apprend vite et fera vite montre de sa souplesse et de son sens de l'esquive... L'histoire, elle, se concentrera sur un petit groupe de gens transportant un mystérieux trésor : tout le monde tente de mettre la main dessus (Chen n'est pas avare en personnages secondaires et en vilains : du moustachu, de la sorcière, du type à tresses rousses... des bandes entières de personnes mal intentionnées) et Chan, forcément du côté des bons, tentera d'éliminer un à un ces bandits tous versés dans l'art du combat... On sait très bien qu'on ne va pas vraiment se marrer malgré les mimiques démentielles de Jackie (Chan mimant Popeye après avoir mangé de l'herbe ou roulant des yeux dès qu'il croise une jolie femme : rendez-nous De Funès putain) et qu'il nous faudra tenir pour assister à trois mille fights prouvant toutes les capacités de contorsionniste et toute la malice de ce héros coiffé comme Mireille Mathieu (et poussant les mêmes cris effrayants au moindre petit geste kungfuisé). Des efforts pour multiplier les sources d'ennuis et les chorégraphies acrobatiques (Chan est champion du monde de saute-mouton) mais avouons qu'on éprouve bien du mal à frémir ou à sourire devant ces premières aventures du petit chaton asiatique bondissant... On espère des jours meilleurs, allez...