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4 août 2023

Closed Curtain / Pardé (Pardeh) de Jafar Panahi et Kambuzia Partovi - 2013

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A force de flirter avec l'abstraction, le conceptuel, la mise en abîme, Jafar Panahi peut parfois avoir la main trop lourde. C'est malheureusement le cas avec Closed Curtain, film tout à fait honorable formellement mais qui nous perd peu à peu dans son scénario. De toute évidence (et à juste raison) torturé par son isolement forcé, le bougre nous offre une sorte de variation sur cet état de fait, sous la forme d'un bizarre essai sur l'enfermement, le rapport à l'autre et la réaction artistique "coûte que coûte". Voici donc, dans les premiers plans superbes, un écrivain qui s'enferme dans une luxueuse maison, se barricadant derrière des rideaux opaques et des jeux de serrures sophistiqués. Dès le départ, la thématique de la prison est filée, avec ce long plan pris depuis une grille de fer (on dirait du Antonioni), et ça continuera pendant de longues minutes. Le bougre est visiblement désireux d'échapper à une nouvelle politique consistant à tuer les chiens, lui-même en possédant un mignon comme tout ; mais on croit aussi deviner derrière ça une véritable hantise du monde extérieur, voire une traque dont il serait la victime. Très beaux plans silencieux, que vient interrompre l'irruption presque surnaturelle d'un couple de réfugiés, puis peu à peu d'une femme seule qui refuse de partir. Figure de la peur, de la mélancolie du monde, de l'amour perdu, de l'impossibilité d'aimer, de la solitude ? on ne sait trop, mais à partir de son arrivée, le film déraille jusqu'au vertige.

closedcurtain

En plus de cette apparition, on aura à mi-chemin droit à une mise en abîme vertigineuse, Panahi lui-même venant prendre la place de Kambuzia Partovi, qui jouait l'écrivain jusque là. Le bougre poursuit son travail de solitude sur un autre registre : moins de chien, plus de colère, une confrontation plus franche avec cette femme qui semble vouloir l'inciter à se rebeller. Si on ajoute que Panahi, dans ses temps morts, regarde les images de la première partie du film, réalisées par son comparse Partovi, on comprend qu'on est dans un monde un peu parallèle... qui nous perd franchement en route. On ne saisit pas trop ce que Panahi a bien pu vouloir signifier avec ces scènes décalées, qui ajoutent à chaque instant une couche de complexité à une situation déjà complexe. Si bien qu'on se désintéresse peu à peu du malheureux sort de cet écrivain condamné à l'isolement, ce qui n'est certainement pas le but recherché. On est perdu dans un labyrinthe que le cinéaste lui-même n'a pas l'air de parfaitement posséder, ennuyé par ces scènes qui semblent signifiantes mais qu'on ne saisit pas. On apprécie bien entendu la formidable mise en scène du gars, ses cadres toujours magnifiques, son montage maîtrisé à mort, mais on s'interroge un peu (trop) sur la symbolique de la chose. Un beau film chaleureux mais qui laisse froid...

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