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10 avril 2023

SERIE : Tanner '88 (1988) de Robert Altman

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Il faut un peu s'armer de courage avant d'entamer cette petite série de six heures (pfiou pfiou) réalisée bienheureusement par le grand Altman - qui peut s'appuyer sur un solide scénario de Gary Trudeau. Autant l'image vidéo un peu plate peut paraître de prime abord un tantinet repoussante, autant la mise en scène "chorale" de Altman s'avère une nouvelle fois, dès le départ, relativement hallucinante. Il s'agit donc ici de suivre le candidat Tanner (démocrate) dans sa course à l'élection de son propre parti face aux poids lourds Dukakis et Jesse Jackson... Parti de très loin, Jack Tanner, de par son ton modeste et ses déclarations honnêtes, ne tarde pas à gagner en popularité... On suit tout à la fois sa team au travail et la cohorte de journalistes qui décident de suivre sa campagne... Tout est ici, on s'en rend compte rapidement (et on s'en doutait un peu), plus question d'image que de sincérité par rapport à un projet politique fort. Tanner marque des points par son charisme, par sa chaleur humaine, par sa capacité à se rapprocher des gens, à les écouter mais n'est pas à l'abri de quelques sorties de piste (quand il se déclare pour la légalisation de la drogue notamment) ou d'un scandale médiatique (sa liaison avec une personne du staff de Dukakis). Tanner s'accroche, joue le tout pour le tout lors des élections des super délégués (un concept qui pour le coup nous échappe un peu, reconnaissons-le) et devra finir par se faire une raison : la politique est un terrible jeu de dupes et de manipulation de masse où les meilleurs candidats ne sont pas forcément, au final, investis... Bien.

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Tanner est filmé sous tous les angles, côté privé (sa liaison "secrète", ses rapports avec sa fille qui participe également à sa campagne) et côté public (quand il essaie plus ou moins de gérer son image face au journaliste, ou lors de cet épisode, sûrement le plus touchant de la série : il revient dans ce quartier pauvre du Michigan pour écouter des représentants de la communauté noire, en particulier ces mères qui ont perdu prématurément leurs enfants en raison des trafics de drogue : il se rend compte, soudain, de sa déconnexion avec la population - un épisode terriblement réaliste que l'on pourrait malheureusement étendre à l'ensemble de la planète...). Mais c'est surtout son staff qui ne cesse de s'agiter autour de lui (en particulier sa directrice de campagne, la sémillante Pamela Reed) qui revient le plus souvent au centre des épisodes : la mise en place de stratégies, la réussite de certaines idées originales, les boulettes cruciales et cette impression d'avoir constamment affaire à une ruche qui se doit constamment d'être dans l'action, la créativité, la réaction... Altman filme également avec une certaine acuité ce petit monde du journalisme, les cyniques, les fourbes, avec un petit ton caustique du meilleur effet... Chaque épisode nous emmène dans les hauts et les bas de cette campagne, une campagne qui prend des airs d'immenses foutoirs où tout, tous les jours, peut arriver et où il faut constamment trouver une parade pour ne pas couler, quitte à s'allier avec les ennemis d'hier (on change de camps comme les mouches d'âne), quitte à recevoir des leçons, parfois malgré soi, d'experts en communication... Une série vive, vivante, réaliste, agitée, joyeusement dirigée par le maître Altman, et même si on se perd un peu parfois en route dans ces longues discussions sur les finesses de la politique américaine, l'ensemble de cette série un rien foutraque (à l'image de toute campagne qui se respecte) se suit avec une certaine jubilation. Altman, président des metteurs en scène, élu au premier tour.

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