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14 mars 2023

Julien de Gaël Lépingle - 2010

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Gaël Lépingle est un minuscule cinéaste, pas dans le sens où il est mauvais, mais dans le sens où il va se nicher dans des endroits que les gros trouveraient trop fragiles pour porter leur poids. En atteste par exemple ce documentaire délicat, que le compère manie du début à la fin avec des pincettes. Julien est le portrait direct d'un jeune homme d'aujourd'hui, vivant dans la peu riante région de la Beauce (camps plats à perte de vue et villages perdus). Il a fait sa vie là, participant tous les ans au son et lumières de la mairie en tant que chevalier, proche de sa famille et sympa avec ses potes, enfant plus ou moins sage, plus ou moins banal. Mais aujourd’hui, il a 18 ans, et commence à songer à partir, à quitter son petit monde confortable pour aller à la ville. Période de métamorphose, donc, filmée ici avec un amour immodéré pour le personnage, type normal dans un monde normal, mais confronté à un événement qui n'a rien de banal : le passage dans le monde adulte.

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Joli petit sujet, tout à fait dans les cordes de Lépingle : lui qui sait comme personne filmer la ruralité, la province profonde, les petites vies qu'un rien enchante, il semble tout désigné pour filmer Julien. Et il le fait en déployant toute sa créativité : en montrant ce décor en plans larges, accompagnés d'une musique d'opéra assez bouleversante ; en chargeant sans en avoir l'air son film de symboles intéressants (Julien refuse d'être "adoubé" lors d'une cérémonie "pour rire" au sein du spectacle estival : il ne sera le vassal de personne, qu'on se le dise) ; en filmant au plus près et sans commentaire les désarrois de ce jeune homme à un tournant de sa vie ; en écartant le champ à sa famille, à ses potes, à sa petite amie, à tous ces gars qui le connaissent par cœur, qui, eux, ont choisi de rester là parce que "ouvrier, c'est bien, c'est suffisant". Mais malgré tous ces efforts, le film s'éparpille, voulant brasser trop de sujets en un seul. On a du mal à fixer son attention sur le seul personnage de Julien, tant les pistes de fiction sont possibles avec chacun de ces personnages. Dans un montage chaotique, Lépingle brasse tout et mélange un peu les tons : d'élégiaque, il devient trivial, de comique il devient grave, et on est un peu perdus dans la profusion des émotions qu'il cherche à provoquer. Ça et là, une vraie émotion pointe, quand Julien répète un texte sur fond de champ de blé, quand il entame une danse urbaine dans un terrain vague, et le film parvient à trouver un ton ample qui lui va bien ; comme une sorte de destin français raconté avec noblesse et grandeur d'âme. Mais le reste du temps, on reste un peu en lisière du doc, à la recherche de ce qu'on peut bien vouloir nous raconter. Dommage, il y avait de vraies promesses là-dedans.

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