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10 juin 2018

Fureur apache (Ulzana's Raid) (1972) de Robert Aldrich

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Toujours une valeur sûre, le Robert. Nous voici embarqués pour une fameuse course-poursuite à un rythme zen entre des Apaches "rebelles" - ils ont quitté leur réserve pour piller, violer et flinguer à tout va - et une colonne de soldats partis à leur trousse : à la tête de cette colonne une recrue fraîchement sortie de l'école (catho, idéaliste et maigre penseur), Bruce Davison, un vieux de la vieille finaud et précautionneux (le buriné Burt Lancaster) et un Apache à la solde des soldats, Jorge Luke as Ke-Ni-Tay ("troubadour errant" en indien ou Francis Lalanne). Trois hommes, trois façons de penser et d'agir, il n'en faudra pas moins pour venir à bout du sauvage et farouche Ulzana (genre de Kyle MacLachlan peau rouge et en colère noire) qui ne fait pas dans la dentelle du Puy lorsqu'il croise une proie (mourir comme garniture de barbecue n'a jamais été tentant pour quiconque). Le road-movie westernien est posé, reste à déterminer quel sera le nombre de victimes scalpées, défigurées ou simplement vidées de leurs tripes ainsi que la teneur des réflexions philosophiques entre Bruce et Burt. On sent aussi bien venir le face-à-face final entre Lalanne et MacLachlan, deux Apaches avec la même culture mais pas forcément les mêmes valeurs ("sa femme est moche, la mienne est moins moche" - tout est dit).

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Aldrich n'étant pas le dernier des ballons de baudruche, on sent que son western ne sera point dès le départ d'un manichéisme primaire bêta. Oui, les Apaches peuvent se révéler de vrais sauvages - on comprend vite d'ailleurs leur réputation lorsqu'on voit des soldats préférer tuer les leurs et se faire sauter le caisson plutôt que de tomber entre leurs mains : c'est assez sanglant, comme séquence (oui, j’ai flingué ta mère d’une balle dans le front pour lui éviter de se faire écarteler à l’ancienne), mais moins éprouvant qu'un longue torture à l'indienne. Certes. Mais d'une part il faut comprendre déjà l'idée qui consiste à prendre la force du supplicié (et plus c'est long, plus on va donner du power aux bourreaux) ; des rites en soi un rien barbares mais avec un fond... D'autre part, vous laissez quatre soldats avec un cadavre apache et vous allez voir le même déchaînement de sauvagerie... Cela posé, il nous reste donc à découvrir les débats fructueux entre la jeune recrue pleine d'optimisme dans sa capacité à agir et bourrée de bons sentiments chrétiens et le Burt, posé, sage, sans certitude, si ce n'est qu'il vaut mieux être le premier à tuer son adversaire... Pendant que l'un se bat avec sa conscience (respecter son prochain mais merde, ces Apaches, sont-ce des êtres humains ?), l'autre tente de lui faire suivre la meilleure stratégie pour ne pas finir en chair à barbec (on est tous des êtres humains, bordel, laisse tomber tes théories fumeuses : tant que tu ne sais pas déterminer de quand date cette crotte de cheval, tu ne sers à rien... juste à te torturer le cerveau dans le vide). L'éternelle histoire du vieux briscard qui débourre du jeunot ? Pas forcément, Burt ne cherchant en rien à imposer ses vues et la jeune recrue, malgré ses grossiers a priori, restant toujours à l'écoute. L'important, au final, étant de survivre - ou pas, mais au moins dans la sérénité.

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Des éclairs de violence sanguinolents (tu te fais violer, tu deviens The Joker), des chutes à cheval impressionnantes, des paysages vivifiants et des discussions de peu de mots qui pèsent vite lourd ("choisis un homme de la troupe pour m'accompagner, le type qui parle le moins s'il te plaît"). Une traque restant une traque, il s'agit, à chaque fois, d'être le plus prompt à comprendre le plan de l'autre, tout le reste n'est que bla-bla : Ke-Ni-Tay s’impose d’ailleurs rapidement comme l'homme de terrain sans lequel les Blancs ne seraient rien... Mais peut-on faire confiance à un Apache ? Autant qu'à sa grand-mère, serais-je tenté de dire, avant ou après Alzeihmer, tout reste une question de foi en l'être humain. Burt est l'homme de la situation pour gérer au mieux cette mission sans pour autant oser la ramener et sans se croire plus finaud que son adversaire ; l'Apache est imprévisible et d'une intelligence farouche – beaucoup plus que Rahan, par exemple. Aldrich livre au final un western rugueux, brut, sans concession dans la forme ou le fond ; une bonne pierre, en ce début des seventies, dans la longue histoire du genre.

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