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17 mars 2018

LIVRE : Massif Central de Christian Oster - 2018

9782823612028,0-4895650Un roman opaque, assez proche des divagations métaphysiques d'un Antonioni, voilà ce que nous propose Christian Oster avec ce bouquin suspendu, insaisissable et assez envoûtant. Paul, architecte un peu en état de perdition, a eu une histoire avec Maud, qui a quitté Carl Denver pour lui. Aujourd'hui, l'ayant à son tour quittée, il est persuadé que Carl Denver en veut à sa vie, qu'il a retrouvé sa trace et veut le tuer. Il fuit alors dans l'Allier, puis dans la Haute-Vienne, errant de vagues connaissances en auberges paumées, sans cesse harcelé par l'impression que Denver l'a retrouvé. Et il pourrait bien avoir raison, puisque lettres anonymes et meurtres se mettent à pousser comme des champignons autour de lui. Paranoïaque ou victime ? Paul vit cette fuite comme une sorte d'hébétude, regardant les événements arriver, louvoyant entre les drames, face aux paysages austères symboliques de sa vie quelque peu misérable.

On est sans cesse happé puis désintéressé par ce truc. Il faut dire que le style de Oster, érudit, complexe, parfois un peu bancal, ne fait rien pour se faire aimer : succession de très longues phrases, dans le pire des cas laborieuses et freinant la lecture, dans le meilleur fort bien ponctuées et fabriquant un rythme hypnotique d'un parfait effet ; application à brouiller les pistes psychologiques de son personnage, étrange être évoluant dans un monde crypté fait de quizz de cinéma et de cartes postales vierges, comprenant ce qui l'entoure mais nous laissant bien souvent face au vide ; construction d'ensemble heurtée, surprenante, pouvant passer des pages sur un détail puis occulter tout un pan d'action... Le gars est audacieux, tente parfois l'expérimentation pure, nous laisse nous débrouiller face à la trame. Mais il y a un vrai charme mystérieux là-dedans, une manière de détourner les codes du polar pour donner quelque chose d'absurde. Parce que les personnages secondaires sont intrigants (un gusse qui vit dans les arbres, un couple au comportement erratique, deux femmes croisées dans une auberge aussi vaporeuses que bizarres), parce que Oster ne lâche rien de son écriture blanche jusqu'au bout, parce que finalement l'intrigue déroule son petit bout de chemin avec intérêt, on finit par aimer ce roman mal-aimable, duquel il nous reste une impression vague mais assez prenante. Difficile d'adhérer complètement à la chose, trop cérébral, trop littéraire, mais difficile aussi d'échapper à ce charme vénéneux qui arrive à vous prendre dans son filet par la seule force de l'écriture. Intéressant.

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