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3 mars 2017

La Chambre des Exécutions (Shokei no heya) (1956) de Kon Ichikawa

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Un film sociétal et noir du maître Ichikawa comme on les aime : le récit est centré sur le jeune étudiant Katsumi (Hiroshi Kawaguchi), une parfaite petite tête de con. Dès le départ on comprend qu'au-delà de ne pas respecter son père (petit employé de banque rongé par un ulcère), il y a cette volonté de ne pas suivre ses traces : mener une vie à la coule, vivre d'expédients et de baston, et surtout, cerise sur le gâteau, ne pas respecter son prochain, homme ou femme. Katsumi organise avec ses potes des soirées dansantes qui remportent un certain succès mais il semble prendre du plaisir ailleurs : toujours partant pour la bagarre, il est jamais le dernier à chercher à en provoquer une avec les étudiants d'une autre université. Son rapport aux femmes ? Pitoyable. Bien qu'une certaine jeune fille, Akiko (la sublime Ayako Wakao encore toute jeune), montre un certain intérêt envers lui, il ne trouve rien de mieux que de la droguer pour la violer... Bref, il dérape et sort définitivement des rails. Alors que la chtite devrait porter plainte contre lui, elle lui donne, sainte-mère, une seconde chance : mais le gars, fidèle à sa connerie de jeune mâle fier comme un tigre, l'ignore et l'envoie paître. Toujours plus prompt à sombrer dans la bêtise, il décide enfin de trahir son meilleur ami : il propose à un clan rival de dépouiller son pote qui vient d'organiser une soirée et de partager avec eux la recette. Mais un jour ou l'autre, tout se paie, dans la fameuse chambre des exécutions.

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On apprécie toujours chez Ichikawa cette musique jazzy qui fait à la fois swinguer les moments où les djeun's se la donnent mais qui sait aussi (un bon vieil air de saxo à l'âme déchiré) souligner les instants les plus pathétiques. L'une des plus belles séquences est sans doute celle où Akiko, après les multiples affronts qu’elle a subis de Katsumi, vient le voir sur le bord du terrain de rugby. Ils s'observent, Katsumi finit par aller la rejoindre, ils s'observent... la caméra ne cesse de changer de point de vue pour nous montrer à quel point ils sont à la fois si loin si proche : la jeune fille tend une dernière perche à ce petit con en perdition mais ce dernier est incapable de la prendre. Bien aimé, aussi, au niveau de la confection du cadre, cette scène où les deux parents de Katsumi discutent au premier plan en tentant de trouver une solution pour remettre leur progéniture sur le droit chemin ; pendant ce temps, ce dernier, éternel branleur je m'en-foutiste, fume sa petite clope en arrière-plan. Ils auront beau dire, ils auront beau faire, leur fils s'enfonce dans la mouise avec une certaine fierté à les décevoir. La longue séquence finale où Katsumi se retrouve cerné par des gaziers qui veulent lui faire la peau est toute aussi forte et tendue : Katsumi, bastonné, continue de jouer la carte de la provocation - on finit presque par se dire que son comportement va beaucoup plus loin que la simple posture ; il cherche véritablement à toucher le fond, comme s'il y avait chez lui, dès le départ, la volonté d'aller droit dans le mur en continuant de faire le fier-à-bras. La toute dernière scène est, quatre ans avant A bout de Souffle, digne de celle-ci (Katsumi en précurseur de Michel Poiccard ? Pourquoi pas) : on dira juste pour ne rien dévoiler (tu parles) qu'elle est fatale... Du coup, au-delà du portrait d'un simple ado un peu branquignole, on a l'impression d'avoir affaire  au portrait de toute une partie de la nouvelle génération qui, prête à tout pour échapper au destin laborieux de leurs parents, préfère jouer au chien fou sans réfléchir (volontairement) aux conséquences. Un vrai film noir sous le verni d’une œuvre évoquant une jeunesse désireuse de s'éclater. Kon Ichikawa  a encore frappé.

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