SERIE : Utopia saison 2 - 2014

La saison 1 était amusante mais déjà bourrée de défauts ; la 2 laisse tomber les qualités et développe les défauts, si bien qu'on vient à bout de la série assez déçu. On retrouve notre bande d'espions du dimanche toujours occupés à déjouer un complot d'ampleur mondiale, complot dénoncé dans une BD mythique qui passe de mains en mains. Les scénaristes passent le braquet supérieur et complexifient la trame, les personnages positifs de jadis se transforment en félon, les monstres en gentils nounours dépressifs, on redistribue toutes les cartes et on fait chauffer doucement. Mais ne possédant pas les épaules adéquates, les auteurs se vautrent dans l'incohérence et l'inepte. Je sais bien que peu importe la vraisemblance dans ce type d'objets fun ; mais quand même : la plupart des comportements des protagonsite est incompréhensible : pourquoi confier une très haute mission à la personne qui doute le plus de sa motivation ? pourquoi Jessica Hyde est-elle devenue cette débile mentale ? la résurrection d'un des personnages phare de la saison 1 ne sent-elle pas un peu le réchauffé ?

Ca avait pourtant bien commencé avec un premier épisode qui déjouait complètement les attentes : foin des personnages déjà connu, on suit pendant une heure un flash-back qui vient éclairer les mystères encore en suspend, et on apprécie ce changement de climat et d'ambiances, en souhaitant finalement que la série reste dans cette époque-là, ce serait couillu. Mais dès le deuxième épisode, on déchante : retour des personnages fatigués de jadis, et de ce complot dont on se cogne un poil tant il est improbable. Tout le monde extérieur est effacé, sûrement par manque de moyens pour obtenir des figurants, si bien qu'on n'a jamais l'impression d'un réel danger. D'autant plus que la réalisation est assez infâme : montage incohérent, grosses baisses de rythme, et surtout une propension assez gerbante à tout peindre dans des couleurs primaires qui éloignent encore un peu plus cette histoire du monde réel. Les réalisateurs ne peuvent s'empêcher de tout saturer de vert fluo et de jaune canari, y compris les murs des prisons (!). On comprend bien que le but est de rendre tout ça presque abstrait, comme vu dans un rêve, et c'est sûrement aussi pour ça que les acteurs sont dirigés dans de tels excès (la fille qui joue Jessica est nulle, tout simplement, on ne cesse de se demander ce qui lui passe par la tête pour faire autant de grimaces à la minute) ; mais ça ne fonctionne pas, et on se dit que l'inverse aurait été plus judicieux : ancrer tout ça dans le monde actuel, montrer que, dans l'ombre, des dangers terribles se fomentent et sont déjoués. Faute de se coltiner au réel, les gars tentent une version d'Alice au pays des tueurs et des complots, et tombent dans le grotesque. Fin de la série, et malgré les bons moments qu'elle nous a aussi fait passer, on dira que ce n'est pas grave.