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4 mars 2014

Track of the Cat (1954) de William A. Wellman

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Wellman a de la bouteille et sait faire monter la sauce pour nous conter ces quelques jours cruciaux chez les Bridges. Trois frères aussi différents l’un que l’autre,  une sœur aux allures d’éternelle vieille fille, a bride to be  (la nordique Diana Lynn), un père alcoolo, une mère possédée par la Bible qu’elle a lu de travers, un vieil indien  au regard torve mais à la sagesse ancestrale.  Trois jours qui tournent autour d’une chasse à la panthère noire mais une panthère qui n’aurait rien à envier à une certaine baleine : chacun des trois frères va à la rencontre de son destin, a turning point comme on dit, un jour charnière…

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Mitchum est le cadet mais il est fort en gueule et se pose depuis le longtemps en tant que chef de famille. Il tient Art (William Hopper), son aîné, en respect  et se moque à l’envi du benjamin (Tab Hunter). Ce dernier a mis la main sur une donzelle (ce serait bien le premier à se marier dans cette famille de solitaire) mais il faudrait que le Mitch 1) arrête de l’humilier, 2) ne lui pique. Pasque quand le Mitch a une idée en tête, il va jusqu’au bout… Il n’a pas grand monde pour le soutenir et, pire, pour lui tenir tête : sa sœur passe son temps à défendre son chouchou , l’aîné (surement pas étonnant que les deux soient restés célibataires…), sans pouvoir  vraiment faire le poids face au viril Mitch ; la mère ne cesse de lancer des imprécation dont le Mitch se fout comme de l’an 40 ; le père picole tant et plus (le gag à répétition des bouteilles  qu’il retrouve caché dans la maison : je suis preneur…) et le vieil indien a autant de valeur à ses yeux qu’une serpillère.

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S’il fallait caractériser les trois frères en quelques mots, on pourrait dire que le seul ennemi de Mitchum, c’est lui-même (et sa noirceur deep inside), que le seul ennemi de Art, c’est le Mitch (et le surplus de confiance qu’il place en lui), ou encore que le seul ennemi du benjamin, c’est le manque de confiance qu’il a en lui tant il bouffé par le Mitch. C’est à partir de ces schémas psychologiques que le Wellman va finement construire son intrigue.

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Wellman joue sur deux tableaux, géographiquement parlant : l’extérieur avec la chasse à la panthère, « l’aventure », mais surtout la confrontation des trois frères avec « le monde » et leur destinée ; l’intérieur (de cette magnifique petite ferme superbement reconstruite en studio) avec ses discussions qui fusent, cette tension qui montent et ces décisions qui se prennent. Wellman met joliment en scène ses personnages sur cette scène, qu’il s’agisse de montrer le père coincés entre ces deux culs serrés ou « lèvres pincées » que sont sa femme et sa fille (comme ce n’est pas vraiment un fighter, il picole pour oublier mais cela il le fait bien, avec art même dirais-je) ou de montrer peu à peu la place que prend le benjamin au sein de la famille. Une autre séquence est particulièrement impressionnante, celle filmée de l’intérieur d’une tombe (c’est le benjamin lui-même qui l’a creusée et qui va ensuite, une fois l’enterrement passé, « prendre de la hauteur », commencer à s’assumer) ; parmi les « déclencheurs psychologiques », il faut noter également les doux baisers (plus sensuels qu’on pouvait s’y attendre dans cette ambiance froide comme une norvégienne protestante) de la chtite Diana qui vont enfin faire bouillir les hormones du Benji  (même si elles sont longtemps tièdes…). Du très solide, une oeuvre parfaitement charpentée par le gars Wellman et le plaisir infini de retrouver le gars Mitchum toujours attachant - même dans ses rôles de fier à bras merdeux.

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