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12 janvier 2013

Une Femme douce (1969) de Robert Bresson

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Toujours su que Dominique Sanda était une femme douce. Mais là, en plus, on est dans l’univers de Bresson, l’homme au montage prompt et à la parole parcimonieuse. Elle est douce. Et sans le sou. Elle rencontre un prêteur. Sur gages. Echange d’argent bressonnien. Echange de mots. Echange de bague. Il l’accueille chez lui. Ils font l’amour. Ils sont gais. Ca va vite. La formule 1 défile à la télé. Après l’embellie, rapidement, les premiers nuages. Elle est un peu comme un oiseau dans une cage. Elle lit. Ecoute de la musique. Est généreuse avec l’argent de son mari envers les clients. Ne souhaiterait pas être comme tous les autres couples... Mais voilà. Il est avare. Conscient d’avoir une belle femme. Mais jaloux comme une teigne. Terriblement terre à terre et plan-plan. Les premières disputes (on n’est pas dans le torrent de mots, c’est plutôt du genre : « - Méchante / - « Lâche » et pis c’est tout), les premières tensions, les premiers silences.  Elle ne sait comment dire ce qui lui pèse sur le cœur. Il ne sait comment faire pour l’aimer. Ils tentent de s’atteindre. Il tente de lui parler. Elle voudrait le tuer. Mais non. Ils font chambre à part. Puis ils font comme si. Visitent des musées. Elle répond par monosyllabes. Il y a ce poids. Oui. Sur son cœur. Ce mur entre eux. Et cet homme-là. Qui l’aime. Pourtant. Mais ne sait lui dire. Elle a peur qu’il la laisse. Il la laisse avoir peur. Puis prend conscience d’elle. Est prêt à tout faire pour elle. Il a peur de la perdre. Il sait qu’elle l’aime. Mais oui. Se met à genou. A ses pieds. Lui promet. Un voyage. Tout. Mais son cœur est blessé. A elle. Le mal est fait. Et l’oiseau aimerait s’envoler. A jamais.

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C’est rugueux, c’est du Bresson, sec comme un coup trique, straight comme un coup de teq’. Les séquences  sont découpées au plan près, au vingt-quatrième de seconde près, les portes, les mains, les corps sont cadrés au millimètre, il n’y a pas de gras ni dans l’action, ni dans le verbe, et la parole, elle-même, comme à l’image de cet amour, s’épuise progressivement. Un amour qui se mure peu à peu dans un silence, fatal. Après les premiers rires, c’est rapidement la chape de plomb qui tombe sur ce couple. L’incompréhension, l’absence de communication. Elle aime les arts et lui donne son corps, il aime l’argent et la soupçonne. Jusqu’à ce que… Il se rende compte. Mais c’est trop tard. Puis il y a l’« accident », et là, il est définitivement trop tard. (Une entrée en matière plus efficace qu’un coup de poignard dans du mou ; une poignée de plans : une table qui tombe, un châle qui vole, une femme à terre… Avec suffisamment de mystère autour de cette mort pour laisser, un temps, planer le doute sur les circonstances). Trop tard pour s’émouvoir, pour regretter. C’était une femme douce.  Elle est morte. A pas feutrés, Bresson, toujours aussi rigoureux dans l’absence de spectaculaire, de « jeu » (entendre de mensonges…), signe un film « au laser » sur un amour moderne avec deux amants rapidement aux abonnés absents. Il y avait un désir mais trop de différences, d’incompréhension, de difficultés à communiquer, à s’entendre. Rigoureux, rêche, plombant, hypnotique, unique, bressonnien…

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tout sur Robert : ici

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