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28 avril 2009

Le Fils du Pendu (Moonrise) (1948) de Frank Borzage

Un homme sur lequel plane l'ombre funeste de son père et entaché lui-même par un acte criminel peut-il trouver la rédemption dans l'amuuuur? Vaste programme auquel s'affère Borzage qui trouve dans ces décors de marais nocturnes une parfaite métaphore de la noirceur de cet homme qui tente de s'extraire de sa coquille. Mais la lune peut toujours se lever, c'est en tout cas ce que laisserait à penser le titre original.

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Le film démarre de façon absolument tonitruante et Borzage excelle comme jamais à jouer avec les ombres. Un homme est emmené à la potence en ombre chinoise, l'ombre d'un pendu plane sur le lit d'un enfant; ce même enfant est victime des railleries cruelles de ses camarades qui lui passent une rouste; l'on retrouve dans la foulée notre gamin quelques années plus tard en train de se bagarrer avec l'un de ses ennemis d'enfance - ils se battent cette fois-ci pour une fille, mais les mêmes rancoeurs d'antan coulent dans leurs veines. En quatre séquence rondement menées, Borzage nous plonge dans cette ambiance glauquissime de bayou où l'heure des règlements de compte a sonné. La bagarre, dans un endroit reculé, entre Danny Hawkins - le fils du pendu - et son ennemi intime Jerry tourne au vinaigre, et l'on sent rapidement qu'il s'agit d'un véritable combat à mort lorsque Jerry se saisit d'une pierre pour frapper Danny. Le Danny piqué au vif assomme littéralement le Jerry qui se retrouve mort dans ses bras. Oups. Tel père, tel fils, on pourrait lire ses pensées à livre ouvert dans son regard paniqué... Après cette magnifique entrée en matière, on s'attachera à suivre surtout l'amourette de Danny avec la splendide Gilly (Gail Russell, morte prématurément à 36 ans d'alcoolisme me dit Imdb, diable), celle-ci va tenter de percer à jour ce coffre-fort sentimental qui porte dorénavant en lui un insupportable secret.

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Borzage nous gratifie de quelques magnifiques séquences : celles dans ce vieux manoir désert notamment où Danny et Gilly se voient en catimini; si leurs ombres s'embrassent, on sent bien que ces baisers font peu à peu éclore toute l'humanité enfouie dans le Danny qui toute sa vie a dû subir le regard condescendant de ses filsdupendu01congénères. De même, il trouve un véritable havre de paix lorsqu'il rend visite au bord des marais à un vieux black (Rex Ingram, parfait) plein de sagesse qui élève des chiens; lui aussi, il va se charger de remettre Danny sur le droit chemin, en tentant de lui faire confesser sa faute. Le corps de Jerry est finalement découvert et la pression exercée par le sherif sur Danny se fait de plus en plus forte. Alors que le Dan ose enfin sortir au grand jour avec sa dulcinée lors d'une fête foraine, a lieu cette extraordinaire séquence filmée sous tous les angles comme pour traduire la panique de notre héros : il monte sur la grande roue avec Gilly pour lui confier ses misères du passé et deux sièges plus bas prend place le shérif; plus la roue tourne, plus notre Danny se sent "suivi" et oppressé et son angoisse le pousse à sauter en marche de l'engin; s'il s'en relève indemne, ce geste de folie fait tout de même peser des soupçons de plus en plus lourds sur lui. Une chasse à l'homme dans les marais finira par s'engager, chasse durant laquelle Danny aura le temps de faire le point sur lui-même, de penser aux gens qui le soutiennent et de régler son compte avec ses vieux démons...

Moonrise   

Film résolument noir à suspense, portrait psychologique d'une belle profondeur, le tout avec une pointe de romantisme, l'ensemble est magnifiquement maîtrisé par un Borzage qui sait soigner ses atmosphères. L'humidité des marais prend possession du corps de Danny qui tente d'extraire en lui cette malédiction qui pèse sur lui depuis son plus jeune âge. Ecartelé entre la méfiance de son prochain et le soutien de Gilly et du black, notamment, notre homme peine à trouver sa voie dans ce véritable cauchemar plein de moiteur. But the moon... Un Borzage définitivement au sommet de sa forme.      

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à l'aborzage ! clique

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