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9 janvier 2008

La Nuit porte Conseil (Roma città libera (La notte porta consiglio)) (1946) de Marcello Pagliero

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Peut-être pas un chef-d'oeuvre du néo-réalisme, mais un film sans prétention relativement plaisant. La musique de Nino Rota permet d'apporter comme toujours suffisamment de légèreté dans une histoire un peu tristoune mettant en scènes des personnages économiquement sur la touche. La présence de De Sica en amnésique en costard complètement lourdé donne en plus un poil de fantaisie dans cette histoire qui se passe sur une nuit. On est loin de la rigueur de Deux Hommes à Manhattan de Melville (sur le scénar) mais l'histoire tient relativement bien la route. 

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Petite plongée dans la Rome de l'après-guerre où, le temps d'une nuit, deux habitants d'un même immeuble délabrés vont faire connaissance. Ca commence presque comme un Woody Allen avec un homme sur le point de se suicider dans sa chambrée et qui est interrompu par un voleur armé; ce dernier décide de prendre 51N207VZYFLcelui-là sous son aile en lui apprenant les ficelles du métiers - la thune, y'a qu'à se baisser comme dirait l'autre, il y en a toujours dans les poches d'un quidam, sous un matelas ou caché dans les bas d'une femme. Ils vont croiser lors d'une rafle une prostituée débutante, la voisine donc, obligée de trouver de l'argent pour payer son loyer - taper à la machine à écrire, ça paye point ma bonne dame. Avec en fil conducteur deux colliers de perles qui passent d'une main à l'autre, on va transiter d'un café à une salle de jeu jusqu'à un dancing; rencontre au passage du monde interlope de petits gangsters, de femmes fatales qui voguent d'un bras à un autre, avec en prime la police toujours à la traîne pour récupérer ces fameux colliers. La construction du récit est ma foi bien honnête, chaque personnage étant rapidement présenté avant de ne cesser de croiser les autres tout au long de la nuit. Si la phrase qui revient comme un leitmotiv est du genre "on a même plus la foi pour chercher le bonheur", le ton du film un soupçon pessimiste ne tombe jamais dans le pathos; d'ailleurs nos deux personnages, désespérés d'une nuit, finiront par tomber dans les bras l'un de l'autre... Et tant qu'il y a de l'amour...

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Comme le note dans les bonus Oreste de Fornari (ça dure cinq minutes mais c'est concis), on retrouve à la fois le populisme et le pessimisme des films français des années 30, grande influence du néo-réalisme, une pointe de moralisme et de catholicisme (un des colliers finit autour de la statue d'une vierge dans une église, la prostituée ne se prostitue point, le suicidé reste en vie, les méchants sont arrêtés...), voire même une touche de poésie avec le personnage complètement paumé joué par De Sica. Ca manque certes de personnages vraiment forts, le rythme du film bat un peu de l'aile notamment sur la fin, dans le dancing - le morceau de piano joué par l'Américain fait salement tomber l'ambiance - mais l'on est jamais perdu dans les multiples imbroglios et les courses poursuites qui jalonnent le film. On en arrive même à avoir de la sympathie pour nos deux tourtereaux qui ont un peu les pieds dans le même sabot. Bref un petit film méconnu qui est loin de valoir les grands classiques de De Sica, mais qui n'a pas non plus à rougir.

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