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9 avril 2024

Ferdinando e Carolina de Lina Wertmüller - 1999

La fin de carrière de la divine Lina Wertmüller n'a décidément pas été à la hauteur de son talent passé : la voilà fabriquant un film historique pas passionnant du tout, qui garde ça et là quelques petites traces d'impertinence et de féminisme tordu, mais n'en propose que quelques vieux souvenirs, noyés dans une intrigue sans intérêt. Il y est question du roi de Naples, fils du roi d'Espagne (oui, bon, m'en demandez pas plus), Ferdinando, donc, et de sa vie fantasque : d'abord insouciant adolescent plus préoccupé par les filles et la chasse que par les affaires politiques, le voilà adulte, devenu roi, enjoint à faire alliance avec la famille autrichienne des Habsbourg. Il doit épouser l'une des sœurs, les déteste cordialement, préfère rigoler et taquiner la gorette (sa maîtresse est bien avenante, en effet). La petite vérole décimant ses premières prétendantes, ce sera sur Carolina que s'arrêtera le choix de ses conseillers. D'abord dépité, notre jeune roi découvrira avec elle les joies du mariage (et du sexe débridé). Ajoutez à ça plusieurs épisodes mêlant la conjugalité à la politique, les affres d'enfanter un fils à celles de la jalousie, et vous obtenez ce film plat et sans saveur.

Les ors royaux ne sont pas la tasse de thé de Wertmüller. Pour elle, la vie à la cour est un libertinage constant, où nos aristos s'ébattent, qui en baisant, qui en chassant, qui en batifolant dans les bois, que pratiquent de jeunes gens pas encore sortis de l'enfance. Autour d'eux s'agitent de graves conseillers et curetons, s'accrochant à l'étiquette et fomentant de savants assemblages pour conserver des territoires et en acquérir d'autres. Bon, ça peut se défendre, et ça donne d'ailleurs au film des allures de joyeuse récréation, évitant la pompe habituelle de ce type de films empesés. Ferdinando veut bien régner, pour pouvoir se rouler dans le luxe et le farniente, mais les exigences politiques de la charge lui pèsent : Wertmüller donne l'image d'un roi trop jeune et trop capricieux, confronté pour la première fois au poids de sa charge. Le film n'est pourtant pas très creusé, et passe plutôt comme un divertissement assez bruyant et fatigant sur un jeune garçon qui découvre l'amour ; qu'il soit roi ou pas n'importe guère. Au contraire : la cinéaste appuie très lourdement sur des effets trop vulgaires ; cette fois elle a la main trop lourde sur le côté débraillé de son film. Formellement, ça donne des zooms hystériques, des décadrages inutiles, une mise en scène qui se veut baroque et tombe plutôt dans le mauvais goût total ; et dans le fond, on a droit à un concert de pipi-caca-prout vraiment fatigant. On comprend qu'elle ait voulu dézinguer l'image d'une royauté propre et lisse, mais trop c'est trop : le fragile équilibre qu'elle arrivait à maintenir dans ses grands films prolos est rompu ici, et on tombe dans la vulgarité pure et simple.

 

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