Les Colts des sept mercenaires (Guns of the Magnificent Seven) de Paul Wendkos - 1969
Exit Yul Brynner, exit John Sturges et Burt Kennedy, exit le village de Mexicains, adieu racisme larvé et héroïsme de pacotille. Paul Wendkos rebat les cartes et du passé fait table rase avec cette suite de suite de remake qui ne ressemble plus guère à ses modèles. On est en pleine mode hippie, il importe de montrer que ces messieurs peuvent aussi être sensibles et faibles, et d'infuser dans le western quelques pointes de psychologie? Oh à peine, hein, tout ça reste quand même bien bourrin et viril (une seule femme à l'écran, qui a deux répliques avant de finir dans le lit du cow-boy de service), mais tout de même : on apprécie que les auteurs s'emparent ainsi d'un film mythique et assez épais et lui assènent un petite claque derrière la tête. On garde l'essentiel : 7 cow-boys contre une armée entière de vilains pour voler au secours de Mexicains spoliés, combien en restera-t-il à la fin (et notre poulain, que chacun trouvera dans tel ou tel personnage, s'en sortira-t-il indemne ?).
C'est cette fois George Kennedy qui se fade la tête du sextet. Il ressemble à Raffarin et a à peu près autant de charisme. On a beau chercher dans les cow-boys qu'il emploie la star ou la future tête d'affiche, point : la troupe est constituée d'un aréopage de mâles plus ou moins cassés par la vie, tous campés par des inconnus (ou presque) : le Noir qui a une revanche à prendre sur les esclavagistes, le manchot nostalgique du camp sudiste, le vieux rangé des voitures mais bien habile au lancer de coutelas, le jeune Mexicain sans expérience... Tous portent une fêlure, et ça donne à leur équipée un aspect suicidaire très beau. Ils sont engagés pour aller libérer un chef révolutionnaire (Fernando Rey, qui change de rôle d'un opus à l'autre...) aux mains du dictateur du coin. Séduits d'abord par le fric (600 dollars, le prix d'un film au multiplexe aujourd'hui), ils se laissent peu à peu convaincre par la beauté inutile de leur tâche. Cette prise de conscience se fera au cours d'un film assez lent, peu mouvementé, qui privilégie les personnages aux péripéties. Même si la fusillade finale, courte mais efficace, en donnera pour son argent au spectateur amoureux du genre.
Ce n'est ni dans la réalisation, transparente, ni dans les acteurs, juste corrects, qu'il faut aller chercher le plaisir de ce film académique et couru d'avance. Mais plutôt das l'écriture, celle des personnages donc, mais aussi celle des dialogues. Particulièrement fins pour un film de série destiné à un samedi soir, ils alignent quelques bons mots, parfois assez drôles ("Tu n'as rien remarqué ? Non ? C'est pour ça que tu n'es pas colonel."), parfois bouleversants (ce cow-boy qui meurt tristement avec comme dernière parole : "No question"). On aime les tout petits détails de la trame, comme ces rapports qui se densifient entre le Noir et l'ancien esclavagiste, comme ce petit môme qui baigne dans la violence et qui va la perpétuer. Bref, contre toute attente, curieusement touché par ce film très anonyme techniquement, très fade dans son déroulement, mais secrètement émouvant.