"César, redoutant la pusillanimité des Gaulois, qui sont prompts à changer d'avis et d'ordinaire avides de nouveautés..."

J'ai toujours voulu savoir si Astérix ne nous racontait pas des histoires un peu fabulées, faisant passer les Bretons pour beaucoup plus malins qu'ils ne furent jamais. Après la lecture de ce récit relativement objectif de l'ami César (ce dernier prenant soin de ne jamais utiliser la première mais la troisième pour évoquer lui-même : preuve de recul évident sur les faits), le constat est édifiant : non seulement les Bretons (courageux et résistants) se trouvaient alors de l'autre côté de la manche, mais en plus les Armoricains (habitants de la Bretagne d'alors) ne se distinguèrent pas particulièrement par leur bravoure et leur résistance - Vercingétorix, voilà un gars habillé en peau de bête qui en avait, du courage, oui - pour le reste, que des Barbares un peu mous du slip...

Pour revenir un peu plus sérieusement sur cet ouvrage, reconnaissons qu'on tient là un homme qui va droit au but, aussi bien au niveau de l'écriture que de ses objectifs militaires. Si au détour d'un ou deux chapitres, César s'arrête quelque peu pour décrire le caractère général des Gaulois puis celui des Germains, la plupart du temps, on est plus dans le genre veni vidi vici. On arrive sur un territoire, on s'intéresse aux différents qu'il existe entre voisins depuis des années, on essaie de rallier les uns, ou les autres, et si jamais les uns, ou les autres, résistent, on met en place un petit plan d'attaque (si on vainc les uns, les autres changeront souvent vite d'avis). Si les forces en face sont multiples ou relativement organisées, on coupe toute possibilité de repli pour l'ennemi, on assiège, on étouffe, on attaque... Si les forces en face sont un peu molles du genou, on compte sur la rapidité de telle ou telle légion, on prend une colline, puis deux, on encercle, on fracasse... Quand ces enfoirés d'Helvètes, de Belges, de Gaulois, ou de Germains sont battus et fournissent des otages comme gages d'apaisement, on décrète la paix, on met en place des légions dans les environs, on observe... Une rébellion ? On la mate sévèrement. César est généralement du genre assez conciliant (rares sont les massacres de vieillards, femmes et enfants lorsqu'on attaque une cité...), n'est pas un tortionnaire dans la victoire, mais faut pas non plus trop le pousser à bout... On le trahit ? on vainc l'ennemi avec deux fois plus de fougue et on crève un œil à tous les prisonniers pour l'exemple (certains sauront s'en souvenir lorsque des sans-dents tout de jaune vêtus s'attaqueront aux ronds-points de la Gaule) ; s'il est vraiment colère, le César, il coupe les deux mains à tous les hommes qui ont pris les armes (d'où le retard pris par les Gaulois au piano, je pense). Ces sept petits livres à l'écriture serrée (le huitième n'étant pas l’œuvre du grand Jules, mais permet de voir ce qu'il fit par la suite entre -51 et -50 avant JC) constitue un véritable exemple de traité militaire en terme d'efficacité et de stratégie pragmatique. Certes, César met César en avant, mais, à en croire les historiens (oui, je me suis même tapé les notes et les appendices), il n'y a rien ici apparemment de particulièrement mensonger dans ce compte-rendu global ; César, entouré d'hommes fidèles et de légions invincibles, semble s'être emparé de cette immense territoire un peu comme dans du beurre, la petite résistance des Arvernes (ah ce magnifique temps d'observations entre Romains et Arvernes longeant l'Allier...) ne pesant finalement pas bien lourd face à cet enchainement terrible et inexorable de victoires. Joli petit roman de la gagne qui remet Obélix sous son menhir.

LIVRE : La Guerre des Gaules de César - -58/-50 av JC

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