Voilà un premier roman ma foi très gouleyant où l'on sent à l'œuvre un type de terrain : il est question ici en premier lieu du petite monde de l'éducation dite spécialisée autrement dit la gestion de gamins à (gros) problème mental et affectif - mais toujours attachant, hein, ceux-ci étant les premières victimes etc etc. Ploussard, sur les traces de son héros poissard, nous conte des mésaventure pour le moins rocambolesque, entre trafic de drogue, de champignons hallucinogènes, de thermomètres, de sonnettes de vélo et j'en passe... Notre homme, qui revient au cours de la première partie du roman sur son enfance "fébrile" entre deux parents à la con (et ce malgré ses deux mètres au garrot) , devra naviguer en eau trouble (c'est un adepte de la nage en nocturne dans le lac local) devant tracer sa route entre une femme hystérique (mais elle a ses raisons), un morveux de deux ans, des ados azimutés (chaque sortie se termine en pugilat), des trafiquants issus d'un centre pour handicapés, un directeur de centre totalement fumé ou encore un père totalement cramé... Et j'en passe, en passant sous silence l'existence de monstres marins... Le récit est narré sur un ton haletant, Ploussard étant un adepte de la formule punchy et des comparaisons douteuses ; il n'est certes pas à la cheville d'un Céline (même si son enfance s'en rapproche d'une certaine façon) mais il possède un sens du rythme et du vocabulaire dit familier qui fait mouche. On compatit avec ce grand dadais pourri dans son foyer, pourri à l'école, pourri par son boss mais qui tente vaille que vaille d'aider ici les gamins en détresse et de démêler là des trafics pour le moins alambiqués - tout en se faisant une petite gratte au passage. Le ton est quant à lui bon enfant, voire assez fendard : on se laisse rapidement gagner par ce petit ton pourtant au départ assez léger et l'on plonge avec ce héros des temps modernes dans les méandres de cette aventure où les rebondissements sont multiples. Les petits délires de Ploussard sentent le vécu plus souvent qu'à leur tour et on applaudit des deux mains ce premier roman au ton relativement original, personnel même oserons-nous, non dénué d'humour et d'auto-dérision (ce qui se fait bien rare, ma bonne dame). Vroum vroum.

LIVRE : Mobylette de Frédéric Ploussard - 2021

Partager cet article