C'est forcément avec l'adaptation magnifique d'Ophüls en tête (revue il n'y a pas si longtemps) qu'on dévore d'une traite ce court roman. L'on s'amuse à retrouver les allées et venues de ces boucles d'oreille en forme de coeur qui terminent toujours leur course chez le bijoutier, et ce à mesure que les battements de coeur de cette Madame de tendent à s'affaiblir. Une séductrice prise au jeu de sa passion et qui paie très cher un petit mensonge moins anodin qu'il n'y paraissait. En voulant se jouer de son mari et d'une certaine façon de cette société où il faut avant tout préserver les apparences, elle met le doigt dans un engrenage qui lui sera fatal : ce mensonge lui fait perdre en route toute sa crédibilité aux yeux de son amant (plus sensible à son mensonge qu'à la sincérité de son amour) et elle se retrouve la première à pâtir de ses propres dissimulations. Louise de Vilmorin excelle à faire poindre un soupçon de causticité derrière une écriture aux tournures très "classiques" ("Elle se mit à aimer le souvenir d'un homme qu'elle n'avait pas aimé") et à nous décrire le trouble intérieur de cette femme ("Tout à coup elle eut l'impression de n'avoir plus d'importance; elle se demanda ce qu'elle faisait sur terre et pourquoi elle vivait; elle se sentit perdue dans un univers qui n'en finit pas d'être; elle chercha sa raison de vivre et ne trouva en sa pensée qu'un visage"). Belle petite oeuvre très limpide dans son style et ingénument construite, dont Ophüls a su tirer toute la sève.

LIVRE : Madame de de Louise de Vilmorin - 1951

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