Ouillallaïe c'est vrai que cette odyssée westernienne ne nous emmène pas que sur des voies royales. Ces Rôdeurs de l'aube sont pour tout dire privés de tout intérêt, et il n'y aurait pas le brave Randolph Scott au générique, il n'aurait sûrement pas figuré dans la liste. Bon, regardons quand même la chose, le vin tiré devant être bu : c'est l'histoire qu'on imagine bien romancée des frères Reno, ancêtres des Dalton, gang de bandits dévalisant les trains et les banques, et plus particulièrement de leur fin. Dès le départ, on les voit exécuter leurs basses oeuvres mais être en proie à l'hostilité des villageois attaqués par leurs soins. Traquenard, fusillade, premier cadavre dans le gang : hop, on exécute le mouchard en le brûlant vif dans une grange, les bougres ne plaisantent pas. Il va falloir donc se la jouer plus subtil que ça pour défaire la bande : ce sera le rôle de notre Randolph, agent secret chargé d'infiltrer les Reno, de se faire passer pour hors-la-loi, et de les mener à leur perte. Tâche compliquée par l'amour naissant du bougre pour la soeur Reno, mais dont le déroulement se fera sans ombre : les brothers, quand même pas très malins (les manigances de Scott se voient comme le pif au milieu de la tronche), finiront par tomber un par un, les politiques à leur botte aussi, et la soeur oubliera bien vite ces petits détails pour convoler avec Scott.

Deux choses à relever au milieu du marasme :1/ le portrait d'une criminalité organisée, puisque les frères, agissant masqués lors de leurs hold-up, agissent en pleine lumière au niveau politique, plaçant leurs pions qui chez le shérif qui chez le juge pour s'en tirer sans problème. Les politiciens sont corrompus jusqu'au trognon, les exactions se font presque à ciel ouvert, et ce portrait très désabusé plonge le film dans un pessimisme noir qui peut (ou aurait pu, s'il était pleinement assumé) donner quelque chose. Et 2 / la violence de certaines scènes, l'homme brûlé vif du début, la pendaison brutale des frères à la fin sous les yeux tristes de Randolph, violence qui prolonge la noirceur du film. Mais à côté de ces deux pistes un peu intéressantes, le machin vous tombe littéralement des yeux par l'absence complète de personnalité dans le filmage. J'ignore tout de ce Tim Whelan, mais à mon avis il aurait mieux fait de rester chez lui plutôt que de nous servir ce film sans rythme, sans glamour, sans acteurs (tous mauvais et tous ternes), qui passe complètement à côté de son sujet pourtant intrigant au départ (une fratrie décimée). Les différents épisodes, attendus et jamais crédibles, montrent un agent secret rencontrer en plein jour ses collègues de loi ou braquer un train en levant à peine le petit doigt (les bandits, frappant à la porte du wagon : "Ouvrez, c'est pour un hold-up !") ; les gars, encerclés par une armée, sont pris dans des fusillades dantesques qui font sauter deux bouts d'écorce mais les laissent complètement indemnes ; la gonzesse tombe amoureuse de celui qui flingue tous ses frères ("Désolé, Laura, j'ai fait ce que j'ai pu"...). Bref, on n'y croit jamais, et comme la mise en scène est à la hauteur de l'indigence du scénario (pas de décor, pas d'action, aucun de ces moments fun qu'on aime dans le genre), on regarde le film se dérouler en soupirant à pierre fendre. Berk.

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Les Rôdeurs de l'aube (Rage at Dawn) de Tim Whelan - 1955

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