On retrouve un film qui faisait partie de la sélection Un Certain Regard (et qui reçut le prix FIPRESCI), un petit film belge bien de là-bas (les Dardenne, dieux et maîtres) qui prend pour thème central le harcèlement en milieu scolaire. Pour son tout premier film, la réalisatrice décide de suivre pratiquement de bout en bout et pas à pas sa très jeune héroïne ; c'est cette dernière qui va être le témoin des "sévices" reçus par son plus grand frère et donnés par trois petits caïds à la manque dans la cour de récré... Elle va d'abord tenter de l'aider mais devant le refus de son frère, elle ne sait plus trop à quel saint se vouer... La situation dégénère et la chtite va finir par en parler à leur père, un père au chômage qui s'occupe des enfants à temps plein... Quand le gamin est une nouvelle fois victime de harcèlement, le père tape du poing sur la table et les trois autres gus sont enfin convoqués pour rendre des comptes... Seulement sitôt ce problème réglé, la situation se tend entre le frère et la sœur (elle est à son tour victime des réflexions des autres, payant par la bande les humiliations de son brother) ; le frère, lui, de son côté, commence à filer un mauvais coton : l'enfant harcelé devenant à son tour harceleur...

On sait gré à la réalisatrice de tenter de donner "de l'intérieur" une vision des dangers du harcèlement et de ses dommages collatéraux ; on sent que le gamin, son frère, est pris dans une spirale de violence où, toute tentative pour en sortir, risque d'après lui d'aggraver la chose ; non seulement les harceleurs l'humilient mais font pression sur lui pour qu'il ne puisse croire à une quelconque échappatoire... Sa sœur, quant à elle, subit divers stress : celui de voir son frère battu et sans réaction, celui de voir ses copines avoir à leur tour un petit air méprisant sur elle et surtout celui de ne pas savoir à qui s'adresser (le frère la met en garde de ne rien dire à personne) pour tenter de faire cesser la chose ; la photographie tente de rendre sensible cette situation en ne faisant généralement le point que sur la gamine et en floutant son "entourage familier" qui lui échappe... Heureusement, la gamine est pugnace, tente d'inverser la tendance, y réussit en partie mais, comme un contre-coup de la violence de cette situation originelle, provoque d'autres problèmes : elle ne peut empêcher d'une part les tensions qui naissent entre elle son frère (elle le rend responsable des rebuffades qu'elle subit à son tour) et, d'autre part, ne peut que constater la naissance stupide de l'esprit de vengeance chez son frère. Bon. Si on est au plus prêt du ressenti de cette gosse, si Wandel nous fait toucher du doigt la spirale infernale du harcèlement (dont il n'est pas si évident de sortir... indemne), elle sacrifie aussi en passant quelque peu le monde alentour : les adultes, les parents mais surtout les profs, semblent quelque peu aveugles face à ces situations ; on se demande d'ailleurs si les profs sont bien présents au cours des récrés et s'ils ont une once de formation psychologique pour régler les problèmes... même s'ils sont "mis à l'écart" de par le concept de la chose, le rôle qui leur est assigné ici semble tout de même quelque peu réducteur... Enfin, les relations entre le père et les enfants sont aussi un peu vite expédiées, rendant ce récit parfois un peu trop simpliste. Un petit film belge à la forme dardennesque sans la finesse et la nuance des maîtres dans le tableau d'ensemble.

Un Monde (2021) de Laura Wandel

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