Et le western allemand, on en parle ou on fait comme s'il n'existait pas ? Entrée triomphale de l'ami Winnetou, chef des Apaches et, visiblement, héros outre-Rhin depuis que l'écrivain Karl May l'a immortalisé dans ses romans. Notre Peau-rouge a fort à faire, puisque le voilà au cœur d'un conflit costaud : ses copains les Shoshones ont-ils vraiment décimé cette brave famille d'éleveurs blancs, ou serait-ce la responsabilité des "Vautours", bande de hors-la-loi ricanants qui sévit dans le coin ? Vraiment, on ne sait pas, mais la paix entre Indiens et blancs semble compromise. Winnetou le promet à son ami survivant du massacre : il lui livrera les responsables, quels qu'ils soient. Puis il confie cette tâche au noble "Old Surehand" et va faire la sieste. On ne peut pas dire effectivement que Winnetou soit un valeureux soldat : il arrive systématiquement après toutes les batailles, avec son air grave et sa grammaire hésitante, et s'octroie tout le succès. Bon, mais en tout cas, ses amis auront bien du mal à prouver que les braves Shoshones n'ont rien à voir avec les nombreux meurtres, braquages et autres joyeux enlèvements qui jalonnent le film. Et il faudra toute la force de conviction de Stewart Granger, en fin de carrière de toute évidence, pour nous empêcher de nous en cogner complètement.

Culture oblige, on se croirait dans un épisode de Inspecteur Derrick, tant le rythme est dans les pantoufles. Une fois passé le côté marrant de voir des cow-boys s'invectiver dans la langue de Goethe, on commence à trouver le temps très long, d'autant que les acteurs, franchement en-dessous de tout, y croient autant que nous (malgré la présence remarquée du grandiose Terence Hill). La palme à ce Götz George, qui surjoue la virilité mais envoie des coups de poing de fillette (et à 3 mètres 50 de la cible). Même Granger joue comme un cochon son as de la gâchette rigolard et flegmatique : il rigole dans les moments les plus incongrus ("Alors, mon gars, de retour au Texas ? Ahahahaaaaah !"), prend tous les dangers comme s'il s'agissait d'un gag, il a l'air d'un débile léger mais tout le monde lui accorde un respect total. La cohérence n'est de toute façon pas le maître-mot du film, qui accumule les bêtises avec un sérieux confondant. On se dit qu'il doit s'agir d'un de ces westerns familiaux, sans violence et sans action ; mais les enfants doivent piquer du nez dès la première séquence, mièvre et beaucoup trop hilare pour convaincre. La suite avec ces figurants qui se tordent de douleur façon Louis de Funès, ou cet ourson descendu sans scrupule, les rendra soit pliés de rire soit révoltés. On retiendra à la rigueur la présence d'un curé félon, et une scène pendable où notre Stewart arrive à briser une flèche en plein vol d'un coup de fusil, mais franchement c'est pour dire...

Welcome to New West

Parmi les Vautours (Unter Geiern) d'Alfred Vohrer - 1964

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