C'est un peu, forcément, en pensant au gars Bastien, grand spécialiste de l'expo de 1900, que je décidai de me pencher sur ces images d'époque : sept cents films visionnés pour aboutir à ce montage de 80 minutes sur cette fameuse « belle époque ». L'expo de 1900 est malheureusement un peu vite expédiée de même que le seront les parties "touristiques" sur Paris : quelques images du style Art déco qui fleurit alors sur les façades, du métro tout juste inauguré, mais on s'intéressera surtout ici à « l’air du temps », à la mode, aux danses, aux artistes (écrivains, peintres, musiciens...), aux scientifiques et autres hommes politiques de l'époque. Si certains faits, certaines tendances sont d'un ridicule confondant mais demeurent assez fendards (la fameuse danse inspirée du développement de l'aviation (un grand moment de solitude, a posteriori, pour nos deux danseurs qui planent... Plastic, sors de ces corps)), d'autres prouvent que le ridicule, justement, peut tuer : ainsi cet homme (tailleur de pierre de formation...) qui s'élance du premier étage de la Tour Eiffel avec son habit d'homme-oiseau trouvé dans Pif gadget : l'homme hésite, s'élance et s'écrase forcément comme une merde sur le champ de Mars en laissant un petit trou de 14 centimètres... Pour nous remettre de ces émotions (j’en ris encore et j’en ai honte), on aura droit heureusement à un beau défilé de portraits d'hommes célèbres que l'on ne pensait jamais voir en mouvement : ainsi Gide et Valéry taillant la bavette au jardin du Luxembourg, Apollinaire (animé grâce à une série de photos), Monet peignant ses nymphéas in situ, Renoir (vieillard) échappant ses pinceaux et commençant à les perdre, NOTRE PRESIDENT Fallières (1906-1913) sous toutes les coutures et de tous les événements, Jean Jaurès (peu de temps avant d'être assassiné)... Et j'en passe… Il y aussi bien sûr des personnalités très connues à l'époque, apparemment même marquantes mais qui n'ont pourtant (à part sur la pellicule justement) laissées aucune trace dans notre mémoire collective.

On se retrouve parfois baba devant notamment les images de la grande crue parisienne du début du siècle (je savais bien que le réchauffement climatique avait le "dos large" comme on dit en Charente) ou encore devant ces soldats tout jouasses qui partent à la guerre avec la volonté de tout péter, la fleur au fusil et qui reviendront tout fané, tout cassé. Il s'agit plus ici de butiner d'homme en homme, d'événement en événement, que de nous montrer en profondeur la vie parisienne même si, au détour de nombreuses images, on parvient à capter la vie trépidante d'un quartier (Le Moulin rouge, éternel), ou le bordel de la circulation (voiture à moteur + voiture à cheval = le carnage pour tout piéton peu vif). Vintage et empreint de nostalgie, par définition.

Paris mil neuf cent (1947) de Nicole Védrès

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