Considéré comme l'un des très grands classiques du cinéma russe (il fait partie du top 3 dans certains classements russkov de référence), ce Tchapaev est ma foi bien sympathique mais n'a rien à mes yeux de réellement extraordinaire. Certes, il s'agit d'une grande figure populaire de la révolution russe (quand les Rouges supplantèrent les Blancs, rien à voir avec le Bordeaux), certes le film fourmille d'anecdotes à son sujet, nous le montre tour à tour courageux, humain (il fait même des erreurs, parfois) et fin stratège (c'est un paysan illettré, à la base, qui a su montrer qu'il en avait dans la meule et sous la pédale (et pas seulement celle du tracteur)) et cette oeuvre n'est, de plus, point avare de scènes de combat parfois assez impressionnantes... On sent tout de même un peu sur ce coup qui nous manque la fibre russe pour apprécier, comme les gens du cru, toute la grandeur et la saveur de ce portrait... Je ne l'aurais pas mis dans mon top 50, si vous suivez jusque-là mon raisonnement.

Alors oui, il y a de la bonne trogne de combattants (des hirsutes ou des chauves), des séquences un brin propagandistes (sans blague ?) mais qui marquent des points grâce à un effet de contraste bien amené (ce haut dignitaire des Blancs qui s'attaque à la sonate au Clair de Lune au piano pendant que son assistant (que l'on imaginait au départ danser au gré des notes) s'attèle au lavage du sol ; notre danseur-laveur, au physique de Chabal, finira d'ailleurs par passer dans l'autre camp trop dégoutté par le sien), un soupçon de romance (les jeunes Petka et Anka - cette dernière étant la reine de la mitrailleuse, ce qui n’est pas rien, tout un art) pour ne pas dire de scènes osées pour l'époque (ah non pardon, c'est un simple baiser à la Russe plein de franche camaraderie entre Tchapaev et son bras droit... au temps pour moi) ; de même, reconnaissons que l'on a droit un portrait plein de verve de l'ami Tchapaev : notre gars est un peu brut de décoffrage dans l'intimité (ses visions tranchées manquent parfois un peu de clairvoyance) mais sur le terrain, he is the man (cela aurait plus belle allure en russe mais bref). On sent qu'il a cette capacité à mener ses hommes au combat dans le sang. En un tour de main, avec une charrette ou une mitraillette (et un petit coup de gueule), il est capable de renverser la tendance dans les moments les plus critiques (un peu comme Jean-François Copé - hein ? Non). Notre type, avec ces bien belles moustaches et ces discours galvaniseurs, a donc forcément un petit côté attachant... enfin surtout pour les Russes rouges. Personnellement, je dois admettre que je m'attendais à une tuerie avec des émotions de haut vol, des larmes à foison et une mise en scène qui flingue tout sur son passage... Je n'ai eu l’impression d’assister au final qu'à un bon film "de genre", esthétiquement soigné et joliment monté. C'est pas mal mais avec la réputation de cette œuvre (signée des frères Vassiliev qui ne sont même pas frères... mais passons), j’espérais résolument quelque chose de beaucoup plus dévastateur... Comment le classer devant Ivan le Terrible ou ne serait-ce que La Ballade du Soldat (ça faisait longtemps que je n'avais pas essayé de le refourguer celui-là, c'est l'occase) ? Soyons sérieux.

Tchapaev (Чапаев) (1934) de Sergueï et Gueorgui Vassiliev

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