Disney tente de nous resservir l’éternelle recette du Roi Lion (un carton au box-office) en nous comptant les aventures initiatique d’un petit dinosaure bien maladroit ma foi qui vient de perdre son père (lors d’une brusque montée des eaux, sûrement le résultat du réchauffement climatique) et exilé loin de ses terres. Rien de bien nouveau là-dedans sauf qu’on se demande rapidement à quel public ce dessin-animé s’adresse : que les tout-petits puissent être sensibilisés à la perte d’un parent, pourquoi pas… Plus difficile à comprendre, la violence graphique de la chose. Car sur le fond, au niveau de l’humour et du discours, il est clair que cette œuvre s’adresse surtout aux gamins (l’adulte y trouvera moins son compte que dans Vice-Versa, c’est dire). Mais pourquoi, si c’est bien la cible, avoir alors multiplié ses séquences où des ptérodactyles à la con ou des raptors tentent de déchiqueter tout ce qui passe à porter de leur mâchoire ? L’histoire est toute cucul pour ne pas dire neuneu (oh le ptit dinosaure perdu dans la vallée à la recherche de la montagne en trident – au secours !) mais au niveau de l’action (les coups de tonnerre, l’acharnement des oiseaux à bouffer leur proie…), plus d’une fois on se dit qu’on est plus près du Monde perdu (auquel il y a divers clins d’œil, ainsi qu’à Jaws d’ailleurs) que d’une histoire « poétique et intéressante » pour plaire au bambin... Du coup l’adulte n’y trouve guère son compte et j’ai l’impression (malgré une fin happyendique bien venue) que le bambin (je dispose d’un témoin, j’ai testé) risque d’être plus souvent remué (non point émotivement mais visuellement : pourquoi tant de violence, mon frère ?) que d’être sous le charme de cette petite créature verte pugnace et de cette histoire de struggle for life (j’ouvre une parenthèse : un peu bizarre cette volonté (avouée) de rendre « humaines » les bêtes (qui parlent donc) et d’animaliser les êtres humains – le gamin de l’histoire est un véritable pitbull ultra nerveux qui ne fait que grogner et mordre (comme me disait ma fille ce matin : « il a tout bouffé, le gamin », tu m’étonnes Elton) et ses congénères (nous, humains, si les dinosaures étaient encore de ce monde) hurlent comme des loups – c’est pas le Monde perdu, mais le Monde à l’envers)… Disney semble au final avoir confondu, pour capter éventuellement l’attention d’un public plus « mature », exigence d’intelligence et violence – un truc taillé dans le roc pour les gamins de Tarantino…

Le Voyage d'Arlo (The good Dinosaur) (2015) de Peter Sohn

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