Ils sont bons nos amis ricains pour nous trousser des ptits docs sympathoches (même si la recette commence à être un peu éculée – notamment cette façon de filmer ces "interviews-témoignages-vérités" un brin rébarbative...). Le point de départ est purement modianesque puisqu'il s'agit d'un gars qui, lors d'enchères, fait l'acquisition d'un gros paquet de péloches d'une inconnue. Le type y jette un oeil, puis deux, rachète tout ce que cette personne a laissé derrière elle (des milliers de photos non développées mais également tout un tas de papiers et de bric-à-brac). Certaines photos prises sur le vif se révèlent particulièrement saisissantes et notre homme de contacter des galeries pour exposer ces travaux restés dans l'ombre... Le succès est au rendez-vous, reste juste à savoir qui était cette mystérieuse femme qui semble avoir passé sa vie à simplement garder des gosses...

La machine ricaine est en route (une curieuse sorte d'American Dream post-mortem) : les réalisateurs essaient de contacter, dinterroger tous les gens qui l'ont croisée en se basant notamment sur tout ce bazar (cassettes audio, films, factures, enveloppes...) que la donzelle a laissé derrière elle. On lève peu à peu le voile sur cette personnalité "en marge" qui, sous prétexte souvent de balader les gamins, a sillonné de long en large les rues de Chicago ou d'autres lieux où elle avait posé son camp... La personne intrigue tant par son caractère bien trempée (et parfois même un peu rugueux avec les mioches) que par ses jardins secrets (outre les photos, Vivian Maier, puisque c'est son nom, vivait entourée de piles de journaux où étaient relatés les plus affreux faits divers). On voyage aussi, on va même jusqu'à remonter à un petit bled dans les Alpes d'où sa mère est originaire... Ça, c'est l'aspect enquête, pour amuser la galerie dirait-on avec deux-trois clins d'oeil forcés. Restent, of course, les photos de cette artiste posthume : force est de reconnaître l'oeil de la Vivian, tout particulièrement douée pour tirer le portrait de l'homme - et de la femme - de la rue (ces autoportraits étant tout autant réussis), mais également pour capter right on time l'instant incongru, la micro-seconde magique. Cela pourrait presque laisser à penser qu'un artiste sommeille en chacun de nous, encore faudrait-il consacrer sa vie à sa passion et trouver ensuite le quidam prêt à tout pour faire connaître ses créations - mouais, pas évident en soi. Un doc en tout cas assez vivifiant qui fait, par la force des choses, sortir des sentiers battus et des circuits artistiques "officiels". Pas mal du tout.

A la Recherche de Vivian Maier (Finding Vivian Maier) (2014) de Charlie Siskel et John Maloof

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