On comprend très vite le principe de ce petit film des nineties (qui peut s'auréoler de la présence du regretté River Phoenix) qui évoque la période de la guerre du Vietnam : à naïf, naïf et demi. Je me dois d'être plus clair ? Alors voilà, l'histoire commence sur l'évocation de quatre jeunes Marines (the four b's (bees) comme ils se surnomment eux-mêmes) qui vont profiter de leur dernière soirée avant le départ pour the war. Quoi de mieux pour s'amuser à bas prix que d'organiser un dîner de moches ? C'est en effet l'idée amusante et répugnante de nos quatre jeunes gars, sachant que le gagnant rafle la totalité de la mise des paris... C'est parti pour une chasse à la moche (la laideur est-elle plus objective que la connerie ? Rappelez-vous votre petit "dîner de cons" illustré), une chasse tout terrain peu reluisante, certes, mais qui permet à certaines filles d'avoir enfin leur heure de gloire (enfin...)... C'est le cas de la chtite Lili Taylor que déniche un River Phoenix au fond d'un café : elle joue de la guitare sous influence dylanesque comme moi du cor de chasse, elle s'attife guère à son avantage, la bougresse, il pense gagner la timbale. Seulement voilà, juste avant de "rentrer dans la compète", le doute s'installe en lui : cette fille mérite résolument mieux que ce traitement de beau salaud qu'il s’apprête à lui faire subir... Mais le mal es fait, elle découvre la supercherie, à lui de faire son mea culpa pour tenter de se rapprocher d'elle, cette fois-ci en toute bonne foi...

Le concept, très vite donc, on le comprend : nos jeunes gars prennent ces jeunes filles pour des jambons, mais qui sont les vrais jambons de l'histoire, si ce n'est eux, engagés volontaires dans une guerre sale, manipulés comme des idiots par et pour leur propre pays... Le retour (éventuel) s'annonce encore plus coton, les hippies peace and love (on est à San Francisco) ne regardant pas forcément d'un bon oeil ces ex-soldats engagés... Oui, pourquoi pas, c'est un angle d'approche assez malin en soi, ce genre de mise en abyme de la naïveté, du marionnettiste marionnettisé , seulement voilà, le film peine à dépasser ce sentiment de douce niaiserie dans lequel il baigne : sitôt ce concours idiot achevé, Phoenix et Taylor vont tenter de se lancer dans une prime amourette rose-bonbon guère passionnante en soi ; Phoenix se prend à son propre jeu (jusqu'à finir dans le lit de la fille ? Bah, il n'a rien contre...) et tente bon an mal an de donner le change, de s'intéresser aux passions musicales de la fille (la musique = la paix, la guerre = la guerre - c'est simple, non ?). Tout comme l'un de ses potes, c'est un beau parleur, un peu trop fier, un peu trop va-t-en-guerre, la réalité (le Viet') ne pourra que le faire, on le sait, on le sent, revenir, au final, méchamment sur Terre. Un angle intéressant, dommage que la causticité, l'humour grinçant s'estompent rapidement et que l'écrin (le film est platement filmé dans des couleurs criardes) soit aussi déceptif. De bonnes et malines attentions traitées de façon trop banale pour emporter le morceau. Un bel os, un pauvre combat.

Dogfight (1991) de Nancy Savoca

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