On va finir par trouver que le médiocre Unfriended était un chef-d’œuvre, ayant été le premier à utiliser l'intéressant système des conférences à distance par ordinateur pour créer de l'horreur. Le truc était incomplet et assez raté, mais avait au moins le mérite de planter les bases de ce système : "objectivité" de ce qu'on voit, puisque l'ordinateur renvoie sans broncher une image froide, d'où possibilité de faire entrer l'horreur pure, sans commentaire, dans le cadre ; obligation pour le spectateur de faire son montage lui-même, lui qui doit faire un choix entre les différentes fenêtres de l'écran, au risque de rater quelque chose ; beauté du plan fixe et moche, d'où peut surgir n'importe quoi sans notion de montage, de musique stridente, de manipulation des sensations ; utilisation des "bugs" de l'image et du son pour augmenter la peur... On voit bien que ces nouvelles formes de filmage peuvent amener un renouveau dans le found-footage. Et pas mal de réalisateurs s'y sont essayé depuis quelques temps (le principe étant par ailleurs très économique, on peut faire un petit film fauché et parfaitement effrayant). Mais à ce jour, aucun n'a su tirer tout le potentiel de ce dispositif, et il serait temps qu'ils s'y mettent, parce qu'il risque d'être rapidement démodé.

Savage, lui, risque d'être très vite encore plus obsolète : il a choisi effectivement les contraintes du confinement pour réaliser Host. Soit une bande de potes réunis sur Zoom pour un apéro-spiritisme, manière comme une autre de passer le temps. Très vite, ils déclenchent l'ire d'un démon pas commode qui va les décimer peu à peu. Voilà pour le résumé. Le souci, c'est que pas du tout confiant dans son système, pourtant bon, Savage n'arrive pas à demeurer dans le simple enregistrement objectif de l'image : il monte des gros plans à l'intérieur du plan sur les 6 fenêtres d'ordi, retrouvant ainsi notre bon vieux jump-scare trop facile. Le spectateur, prisonnier du coup des choix du réalisateur, qui privilégie tel ou tel personnage suivant que la tension est plus importante chez l'un ou l'autre, est donc totalement passif, ce qui va à l'encontre du joli principe de base. Host n'a strictement aucune idée nouvelle par rapport aux autres films du même genre, et même quand il en a une (l'utilisation des filtres à la con qui vous transforment en démon ou en serpent), il ne sait pas du tout quoi en faire finalement. On se contente donc d'assister au saccage de l'idée, consterné par le scénario et par les acteurs, jamais effrayé par ces monstres qui font subitement bouh dans tous les coins de l'écran, attendant tranquillement que le temps passe (et à la décharge de Savage, il passe vite : le film dure à peine une heure). L'événement de Gerardmer, qu'ils disaient...

Host de Rob Savage - 2021

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