Rosson épaulé apparemment par Hawks (qui après son effort de guerre aérien (Air Force) passe à l'effort de guerre marin. Le point commun ? Il est toujours bon d'amener un chien avec soi) nous livre ce bon vieux film de propagande qui a pour principale qualité d'être relativement bien filmé (on peut apprécier certains déplacement de caméra en lieu étroit, notamment) et d'accéder à un certain réalisme. En effet notre brave Corvette brave les tempêtes (et ça tangue, foi de l'ami Shang), résiste aux attaques aériennes de ces enfoirés de Jerries (assez ridicules, les Boches, dans leur petite maquette d'avion - mais j'adore les maquettes) puis aux fameux U-boats capables aussi bien de te canarder émergés que de t'envoyer, immergés, une funeste torpille. La Corvette plie mais ne rompt point, on n’en attendait pas moins. Puisqu'on en est aux bonnes nouvelles, soulignons un casting de choix, Randolph Scott en tête (droit comme un i ou dans ses bottes, aussi comique qu'un radiateur), Robert Mitchum en queue (alors tout débutant et faisant une belle apparition sur la fin – le Mitch tournant alors dans une vingtaine de films la même année) : entre eux deux une armada de seconds rôles à tronche (citons Barry Fitgerald pour n'en citer qu'un) toujours prêts à infuser un peu de cocasserie (les deux bagarreur, l’homme et chien, le barbu et sa femme…). Bref de l'action, de l'explosion, de la sueur, du soulagement. Un grand classique dans le genre et un package de bonne facture.

Bon après, on pourrait évoquer le scénario. La première partie avant la mise à l'eau est tout de même assez poussive, Rosson tentant de nous faire croire à une idylle entre la sublime Ella Raines qui débute et notre bon vieux Randolph (deux fois sa taille et son âge). Déjà, la rencontre est affreusement téléphonée (quand dans un film ricain, un type de l'armée va annoncer à une jeune gonzesse la mort de son frère (et non de son mari), c'est qu'il y a anguille). Ensuite, Ella l'admire et tombe amoureux du vieux briscard en deux plans trois mouvements, simplement parce que c'était écrit dans le scénario et qu'on n’a pas de temps à perdre avec deux trois séquences qui pourraient construire un semblant de complicité. Enfin, l'histoire est à peine entamée qu'elle est avortée : Randolph part en mission, on ne reverra plus jamais l'Ella - comme si la Corvette était suffisamment glamour (c’est du genre féminin, un navire, en anglais - je dis ça, je dis tout) pour qu'on ait plus besoin de présence féminine. Moins sensuelle la Corvette quand même… Bref un film de bon artisan mais qui, malgré ses bonnes intentions au niveau des effets spéciaux, ne sort pas vraiment du lot. Soigné mais sans surprise.

Hawks is not a hoax, here

Corvette K-225 (1943) de Richard Rosson

Partager cet article