Un doc qui nous vient du pays du froid et qui parvient à faire son petit effet même si on soupçonne par endroit le réalisateur d'avoir re-mis en scène quelques morceaux choisis de cette bien étrange histoire. A ma droite donc, une peintre d'origine tchèque qui est venue s'installer en Norvège avec son compagnon suite aux harcèlements dont elle fut victime à Berlin (une ancienne liaison durant laquelle la pauvre a subi des violences conjugales). Barbora Kysilkova, c'est son nom, fait dans l'hyper-réalisme et sa peinture commence d'être cotée. A ma gauche Karl Bertil-Nordland, le voleur du titre, un type tatoué et drogué jusque-là ; avec un comparse, one day, il a volé une toile de la Barbora alors exposée en vitrine dans une galerie. Vite retrouvé grâce au caméra de surveillance, le voleur croise Barbora lors de son procès. Problème, le type était tellement déchiqueté le jour du vol qu'il ne se souvient absolument de rien. Seulement voilà, comme le destin est ce qu'il est, la peintre commence à se prendre d'affection pour ce type paumé loin d'être aussi couillon qu'il en a l'air, à le prendre comme modèle ; commence alors une relation relativement forte entre la créatrice au passé tortueux et le malfrat au passé torturé.

Ree semble filmer les événements comme ils viennent mais on est pas dupe de ses petites mises en scène tant il semble toujours être là au bon moment pour capter les moments cruciaux. Fi de cette petite remarque de fond (et de forme), on croit malgré tout complétement à l'histoire qui se noue entre ses deux êtres à la recherche d'une épaule compatissante... Barbora a beau être touchée par la perte de ses deux toiles, elle n'en tient pas rigueur à cet individu qu'elle décide de prendre sous son aile et son pinceau. Le Karl Bertil, lui, ému comme un gamin par le premier tableau qu'il inspire à sa nouvelle amie, va devoir encore lutter pour trouver une porte de sortie : rechute dans la drogue, vol, accident, prison, rééducation, notre type aussi brisé affectivement que notre peintre semble l'être psychologiquement, va devoir faire preuve d'adversité pour retrouver la foi en la life. Ce qui est plutôt intéressant dans ce doc de Ree, c'est de voir tour à tour comme l'un peut se "nourrir" de l'autre dans une sorte d'épreuve en parallèle pour trouver une sorte de "stabilité" - la peintre et les affres de la création (et ses anciens démons), le voleur et les affres de la tentation (idem). Il l'inspire artistiquement, elle l'inspire pour tenter de reprendre pied dans une vie "normale". Les deux "personnages" sont tout à fait crédibles dans cette force et ce soutien qu'il trouve en l'autre et ce récit qui semble sortir tout droit d'une fiction promet quelque beaux moments de solidarité - sans qu'il soit toujours besoin de forcer le trait (de peinture). Original et, selon la formule à la con consacrée, inspiring... Du tout cuit pour Sundance, CQFD.

The Painter and the Thief (2020) de Benjamin Ree

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