Tiens un film d'horreur à chier, ça faisait bien trois jours que ça ne nous était pas arrivé. Celui-ci est quand même particulièrement gratiné, puisque il ne s'y passe rien de particulièrement effrayant, qu'on s'y ennuie de façon critique, et que le seul véritable pic d'horreur est le moment où on découvre le visage refait d'Helen Hunt (on dirait qu'elle a été effacée à la gomme, c'est terrifiant, la vieillesse et les chirurgiens peu scrupuleux font des ravages). Le principe du film, celui qui a justifié sa sortie, est un twist scénaristique moisi qui ne donne strictement rien. Soit une première partie, où une famille semble habiter dans une maison hantée : enfants disparus, télé qui s'allume toute seule, formes bizarres sous les lits, portes qui claquent et argenterie qui s'évapore, ouh on sent bien le fantôme impayable qui va s'amuser à nous faire peur jusqu'au bout du film. Plus qu'un film d'horreur, c'est d'ailleurs à un polar qu'on assiste, puisqu'enquête il y a, mais polar mâtiné d'effets "trop porribles", se déroulant sous les yeux de truite d'Helen Hunt, qui commence à trembler pas mal devant ces placards qui se ferment tout seuls et cette BO toute de violons stridents.

Mais tout à coup, voyez comme c'est habile, à mi-chemin du film, hop ça se retourne comme un gant, ça passe dans un autre style, et ça se met à vous expliquer par le menu tout ce que vous avez cru bizarre dans la première partie. Mais noooooon, mais en fait c'était pas un fantôme. Bon, donc des gentils qui sont harcelés au début, puis des méchants (difficile d'en dire plus sans éventer le seul truc surprenant du film), avant de se rendre compte que les gentils sont méchants et les méchants gentils mais méchants. Et avant un dénouement final aberrant, qu'on voyait venir comme le train en gare. Or sur ce scénario crédible comme le retour de la gauche maoiste, le film bâtit toute sa réputation. Il se croit donc autorisé à laisser tomber tout le reste, acteurs (absolument dégueulasses), mise en scène (mise en...?), suspense (on a le temps d'eller se chercher une bière). On reste songeur face à cette volonté de nous faire peur puis de piétiner tout ce qui a pu nous faire peur, dans ce manque de croyance dans le cinéma, dans cette façon putassière de casser nos sensations. Bon, mais on n'avait de toute façon que très peu de sensations à détruire, cet Adam Randall échouant piteusement dans toutes ses tentatives de faire battre notre coeur ; tous ses effets horrifiques sont piqués aux autres films, et I see you semble une éternelle et millionnième copie des effets qui marchèrent il y a 50 ans, bâclée, réalisée sans caractère, sans envie, sans passion, mollement. Dont' see it.

I see you d'Adam Randall - 2020

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