Dédaignons d'entrée de jeu le titre français sanantoniesque et avouons avoir trouvé une belle consistance d'ensemble à ce premier film de Dick Powell : un solide casting de seconds couteaux (Jan Sterling, Alexis Smith, Richard Egan...), un huis-clos stressant, des jeunes femmes droites comme un i ou versatiles à souhaits, une situation trépidante et un final antonionesque (les essais nucléaires dans le désert, c'est ma passion : un héritage de mon pater, cherchez même pas...). Certaines personnes, certains jours n'ont vraiment pas de bol : deux couples vont ainsi se retrouver pris en otage par l'ennemi public numéro 1 qui vient de se faire la belle avec l'un de ses potes ; comme un malheur ne vient jamais seul, ils se retrouvent enfermés dans un baraque alors que dans quelques heures une explosion atomique va avoir lieu dans la zone... C’est ennuyeux.

Il y a toujours ceux qui veulent jouer au héros - en vain (tiens, avec une balle dans la tête tu risques de moins faire le malin), ceux qui cherchent la faille, le point sensible, ceux qui sont prêts à vendre leur âme pour s’en sortir vivant (Alexis Smith is Kay, une jeune femme capable d'aller de bras en bras au gré du vent : un rôle ingrat s'il en est), ceux qui gardent la tête froide (Jan Sterling pourrait être assimilée à une jeune femme aux mœurs bien légères... mais c'est une femme digne, oui messieurs, digne). On assiste ainsi à un petit jeu de société où décidément l'habit ne fait le moine : sous les apparences hautaines et supérieures se cachent souvent des âmes bien viles... On flirte également avec l'esprit du noir puisque le malfrat n'est autre qu'un ancien militaire que la guerre à écœurer. Sans foi ni loi le type tue de sang-froid et cherche à la moindre occasion d'user de son droit de "cuissage" sur ses otages. C’est mal. Le type « s'embourbe » d’ailleurs progressivement jusqu'à ce final pour le moins détonnant. Bien que les rebondissements soient moindres, Dick Powell parvient parfaitement à nous tenir éveillé tout du long en donnant du poids et du relief à pratiquement chacun de ses personnages (à part ce pauvre Dummy, oui, qui joue les bibelots armés) ; on discute dans cette cahute à bâtons rompus et on lève peu à peu le voile sur les forces et les faiblesses de chacun, leurs sentiments, leur humanisme. Pour corser l'affaire un médecin est appelé sur les lieux pour opérer le pote du malfrat qui s'est pris une balle. Une tension supplémentaire avec cette opération "à ciel ouvert" proche de la boucherie. L'heure H approche dangereusement et un ultime coup de théâtre viendra changer la donne ; Dieu saura-t-il encore choisir les siens à l’heure où les hommes semblent le défier ? Si la Création leur a en effet échappé, l'Apocalypse pourra bien être de leur fait... Un message plein d'optimisme pour l'avenir que vient souligner d'une réflexion caustique l'un des rescapés… Que les spectateurs tremblent... devant ce bon ptit thriller intelligemment mené.

Même les Assassins tremblent (Split Second) (1953) de Dick Powell

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