Si on avait dû écrire le script de ce film avec l'ami Bastien, sachant qu'on avait déjà une option sur Mads Mikkelsen, je suis quasiment certain qu'on aurait inclus les mêmes péripéties : un hélicoptère de secours qui se crashe (le faux espoir), un ours polaire un peu trop curieux qu'il ne faut pas trop énerver non plus (notre clin d'oeil perso à Grizzly Man - on lui aurait d’ailleurs peut-être joint un renard cendré) et enfin clou du spectacle, une crevasse. Certes, il eut été tentant - et ce quelle que soit finalement la zone géographique, les gens ont toujours confondu les pôles - de rajouter un pingouin, un pingouin perdu, celui-là même qu'Herzog avait repéré et stigmatisé dans un précédent documentaire ; ou alors un morse, si cela faisait trop de référence à notre cher cinéaste allemand. Peut-être. Quoi ? Alors attention, non, je ne tente pas d'évacuer tout à fait ma chronique sur ce film : vous jugerez par vous-même, les rebondissements sont rares, guère plus nombreux que ceux que nous aurions concoctés avec mon comparse luxembourgeois orphelin. Parce qu'Arctic, c'est à la fois ce qui fait sa force mais aussi un peu sa chienlit, fait la part belle aux paysage neigeux, à la montagne rude, au climat pénible (je viens d'affronter un cyclone, je sais de quoi je parle, j'ai perdu un pot de fleur) et surtout des paysages neigeux. Perdu au milieu de nulle part, pour ne pas dire lost car cela a déjà été fait, il y a ce grand fou de Mads, un type hagard, alone, mais avec une force intérieure démesurée, inmesurable comme on dit. Mads, il attend, il pêche, il sauve un des pilotes de l'hélico, il attend, et décide de partir comme un chien de traineau dans l'inconnu pour sauver cette pilote très mal en point. Une marche de quelques jours, voire plus, un défi humain, un challenge contre le nature, bref de quoi montrer le courage pur et dur d'un homme dans un site protégé qui n'a pas encore totalement fondu. La gageure de faire un film d'aventures a minima (l'homme souffre, la nature ne pardonne rien) est plutôt réussie même si malgré cette sobriété cinématographique relativement courageuse, on déroule un fil scénaristique sans réelle grande surprise. Mads va au bout de ses forces, de sa foi, de sa rage et mérite, oui mérite, même si l'on sait tout ce que l'on a fait subir à cette pauvre nature dernièrement, d'être épargné par icelle. A survival story, an amical story (il est prêt à tout pour sauver son Vendredi thaï tombé des cieux), a rugueuse story. Un récit d'homme au sens large, un tout petit peu attendu nonobstant.

Arctic (2019) de Joe Penna

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