Oui, je sais pas très bien ce que je viens de regarder, pour tout dire. Mais je crois que ça m'a pas beaucoup plu. Ottarsson nous offre sa variation autour de la prédation masculine avec un thriller bancal, à mi-chemin entre le film d'horreur et le portrait psychologique d'une victime. La sœur de Julie a disparu mystérieusement. Plusieurs années après les faits, Julie reçoit un coup de téléphone d'un homme qui prétend avoir la réponse aux questions qu'elle se pose. Seulement voilà : l'homme va monnayer ses renseignements, sous la forme de faveurs sexuelles de plus en plus exigeantes. Julie va se plier aux désirs de cet homme trouble, tout en menant sa petite enquête sur lui, à la fois victime, complice et accusatrice. Toute l’ambiguïté du personnage, semble dire le cinéaste, c'est qu'elle ne va pas dénoncer le manipulateur à la police, qu'elle n'essaye même pas de se défendre des viols qu'il commet sur elle. Au contraire, étrangement passive, elle laisse les choses advenir. Grand problème du harcèlement : l'emprise des hommes sur les femmes s'exerce en faisant croire aux secondes que les premiers n'exigent rien, se contentent de proposer, et libre à elles d'accepter ; et repose sur la honte des femmes, que Julie éprouve indéniablement, incapable qu'elle est de partager sa douleur avec sa compagne.

Mais Ottarsson s'arrête là, une fois cette situation dévoilée. En termes de progression, on aura juste droit à l'escalade dans la violence qu'exerce le prédateur sur la pauvre Julie. Même la parenthèse sur l'homme dans son milieu familial, qui tend à prouver que le monstre a une vie normale, n'amène rien au schmilblick. Si bien qu'on se dit que le réalisateur n'a pas grand chose à dire sur ce fait, sur cette aventure... et se contente de se complaire dans la représentation du viol. On est en effet un peu gêné par l'absence de regard de la caméra sur ce qui nous est montré, sur l'absence de discours aussi. Affreusement mal filmée (une utilisation redoutable du numérique, qui fait une image mochissime ; des focales longues qui tordent tous les visages ; un montage complètement illogique ; une façon de rendre laids tout et tout le monde), cette histoire ne mène à rien, ne dit rien, n'induit rien. On retiendra juste la façon de raconter, en ligne claire, et de mener tout ça vers la catastrophe annoncée, qui aura lieu à la dernière minute effectivement. Complètement inutile.

Charming Men : Part 1 - Julie de Thorkell August Ottarsson - 2021

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