Même si cela fait longtemps que notre homme a disparu des écrans (radar) des cinémas (il nous revient malgré tout avec une nouvelle saison tant attendue de Twin Peaks dont je n'ai guère entendu d'échos jusqu’alors - pas super bon signe), on demeure intéressé à tout doc capable d'évoquer sa façon de travailler. Les fans de l'homme de cinéma seront forcément déçus puisqu'il est ici essentiellement question de son rapport à la "peinture" ou disons à ses "représentations graphiques" - seulement une poignée de ses courts-métrages sont évoqués, ainsi qu'Eraserhead. Lynch nous conte avec coolitude son enfance, ses études, ses déménagements successifs et ses émois de jeunesse ; ceux-ci peuvent permettre parfois de faire le lien entre ses souvenirs, ses vives émotions et ses œuvres (éternellement torturées) ; il raconte ainsi l'histoire d'une femme, qu'il a croisée un soir, nue et avec la bouche en sang ; cette sympathique anecdote correspond parfaitement à l'image que l'on se fait de l'esprit enfantin et optimiste de notre créateur.... Un récit autobiographique qu’il fait de façon relativement pépère (une jeunesse sans véritable trauma – si ce n’est son rapport très distant avec l’école et ses fréquentations parfois un peu « douteuses ») qui permet d'avoir quelques pistes sur la façon avec laquelle notre homme s'est créé son propre univers mental - on sent en particulier à quel point l'univers sombre et glauque des rues de Philadelphie eut un impact sur l'imaginaire du bonhomme. On voit également notre homme à l'œuvre, un Lynch avec une éternelle clope au bec cherchant à peaufiner avec un soin extrême chaque détail de ses tableaux. Il faut voir notre homme triturer un bout de fer ou poncer une partie d'une de ses peintures (avant de jouer avec des matières flasques qu'il pétrit à l'envi) pour comprendre à quel point notre cinéaste à en tête des choses très précises, des visions (pas franchement olé olé, on le devine) qu'il tente de reproduire au millimètre. Il ne donne pas vraiment de clé sur ses premiers courts-métrages mais l'on apprécie assez l'anecdote du premier film qu'il fit... qui fut totalement foiré (absolument rien de fut imprimé sur la pellicule) : lorsqu'il montre des bouts de ce film totalement flou, on sentirait presque une certaine fierté dans sa voix - comme si finalement cela n'était pas si éloigné de ce qu'il avait inconsciemment en tête (mais j'extrapole un brin). Malgré donc le peu de révélation sur ce véritable génie du septième art (je pèse mes mots), il est intéressant de voir notre homme à l'œuvre, parlant avec sobriété et humilité de ses premiers pas artistiques. Pour les fans de D. L.

David Lynch - The Art Life (2017) de Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Neergaard-Holm

Partager cet article