Éternelle fatalité attachée aux films d'horreur contemporains... Minihan (...?) se tient à l'exact endroit où stagnent tous ses copains du genre : dans le tréfonds. Il tient ici à renouveler avec fracas le genre très balisé du slasher, et invente donc une trame formidable : deux femmes viennent célébrer leur anniversaire de mariage au fin fond de la forêt, dans une cabane en bois rustique qui a marqué l'enfance de l'une d'elles. Ces deux-là, qui doivent donc se connaître sur le but des doigts après un an de vie commune, vont découvrir l'inverse : Jackie, voyez le souci, est une psychopathe. Et se met en tête d'anéantir l'existence de Jules, en la balançant depuis les falaises, en la tapant avec une rame, en la menaçant avec son gros fusil, en lui mettant un coutelas sous la gorge. Heureusement, Jules est immortelle, du moins si on en croit ses miraculeuses rémissions de toutes les scories imposées par sa femme, et ira jusqu'au bout du bout de ses grimaces de douleur (et des compétences de son interprète) pour confondre sa traîtresse de compagne. Bien, on le voit, ce n'est pas l'originalité qui étouffe les scénaristes du film, mais après tout on a vu des grands films faits dans des vieux moules un peu déformés. On sait aussi qu'une des règles du film d'horreur est de ne pas chercher la logique et d'accepter les incohérences. Je veux bien, mais voir cette pauvre Jules, au moment où elle a réussi à s'échapper des griffes de la diablesse, revenir sur ses pas pour s'assurer que celle-ci est toujours là fait tiquer ; ainsi que toutes les bourdes d'écriture, fausses pistes éventées, flous psychologiques et invraisemblances du scénario. Trop c'est trop, même bon public pour ce genre de trucs on ne peut que trouver que tout ça manque sérieusement d'écriture.

Pour compenser ces fautes et le jeu binaire des comédiennes (Britanny Allen qui s'est fait une entorse, c'est Jim Carrey et le mec de Platoon réunis), Minihan fait dans l'esbroufe formelle. Plans très longs et alambiqués, changement brusque des points de vue, dispositif au petit bonheur de la caméra (qu'on retrouve au bout d'une rame ou en go-pro lors de la chute de la falaise) : on sent le gusse très fier de son génie à la mise en scène. mais tout ça n'habille que le vide, ne sert à rien sauf à pousser des oh et des ah, on dirait presque du Dupontel parfois, c'est n'importe quoi. Comme on n'a à se mettre sous la dent au niveau du sang que quelques bobos sans gravité et une scène de couture déjà ringarde du temps de Rambo, que des courses-poursuites pétées (je me suis toujours demandé pourquoi le poursuivant criait "Arrête-toi !" au poursuivi, dans les films) et des faux suspenses, on s'ennuie sévère, le doigt près de la touche Stop et l’œil rêvassant à d'autres horizons gore. Mini Minihan.

What Keeps you Alive de Colin Minihan - 2018

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