Il y a cinquante ans naissait Jennifer Lopez (qui n'allait pas tarder à montrer la sienne sous toutes les coutures) alors même que débarquaient trois hommes sur la lune. Moment historique, suspenseful (chaque manœuvre semble se jouer au micron), cinématographique par excellence. Miller a la bonne idée d'exhumer certaines images pour nous faire vivre de l'intérieur (la voix off est composée pour l'essentiel des dialogues entre Houston et nos trois cosmonautes) cette incroyable aventure (dont certains doutent encore comme des idées de gauche). On a beau savoir que tout s'est passé comme sur des roulettes, on respire de soulagement à chaque fois que les trois hommes parviennent à allumer un moteur, à réussir une approche ou une quelconque opération technique. On a l'impression que toute l'humanité est concentré sur l'événement, que tous les meilleurs scientifiques sont réunis dans les salles de contrôle et que nos trois gusses sont les trois fers de lance d'un avenir radieux... sans guerre (le Vietnam n'est pas fini), tous unifiés (le Vietnam n'est pas fini), plein de joie et d'espoir (on avait bien entamé la destruction de la planète mais on avait d’autres chats à fouetter). Bon. La magie de cette terre toute grise (de plus en plus marron à l'approche - tiens !) dénuée de toute vie, poussiéreuse à souhait, continue d'opérer tout comme la prophétie de Kennedy qui, à défaut de prédire toute idée d'un sniper, avait déjà eu la vision de cet objectif huit ans auparavant. C'était risqué, ils l'ont fait... On s'amuse à voir, outre le défi technique, cette volonté de vouloir filmer sous tous les angles toutes les étapes du process. Les trois types en blanc sont non seulement les yeux de la mission mais aussi ceux qui vont manier les caméras pour rendre compte de ce succès. On reste encore captivé par ces images de l'espace, même quand on devine plus qu'on ne voit - l'imaginaire lunaire, éternel. Ces huit-neuf jours d'expédition passent à la vitesse d'une éclipse, un temps suspendu où l'humanité (la dernière fois ? Enfin, quand je dis l'humanité, pas ceux qui n'avaient pas l'électricité, pfff) s'est sentie quelque peu soudée derrière trois êtres humains en combi. Un doc prenant, magnifiquement mis en image et en son, qui continue d'envoyer des petites étoiles dans les yeux. Petit frisson dans l’espace.

Apollo 11 (2019) de Todd Douglas Miller

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