Voilà un film de 1967 qui semble, à notre époque tik-toqué où les gens pensent que tout ce qu'ils filment d'eux-mêmes tous les jours a un intérêt et peut intéresser les autres (et le pire c'est que les gens sont suffisamment cons pour que cela les intéresse...), avoir pris quelques longueurs d'avance : le gars David, chômeur et fan de cinoche, décide de se filmer en mode journal intime (l'expérience courra sur une huitaine de jours) ; sur lui, définitivement, il n'a pas grand-chose à dire, alors il filmera sa petite amie (que cela n'amuse point), un ami (qui ne pourra s'empêcher de décrédibiliser son pote) et d'autres femmes, croisées le plus souvent au hasard dans la rue... Notre David qui s'appuie dès le départ sur le fameux concept godardien ("un film, c'est filmer la vérité vingt-quatre fois par seconde") espère, naïvement, le pauvre, par cette approche documentaire de lui-même (mais guère documentée) en apprendre plus sur lui, tu vois... Autant dire, que cela ne sera pas vraiment vraiment le cas et que les déceptions s'enchaîneront plus souvent qu'à leur tour, entre sa pineco qui le lourde et ce "fantasme féminin" hitchcocko-viscontien qui lui échappe (il la filme à travers sa fenêtre, depuis chez lui, et la surnomme Sandra) ou avec ces femmes croisées dans la rue qu'il effraie ou qui l'effraient... Une caméra-oeil un poil perverse puisque ce dispositif semble surtout se retourner contre lui...

L'affiche est assez joli et résume assez bien le concept : quand l'usage de la caméra finirait presque par bouffer l'être qui s'en sert... Dommage que le résultat ne soit pas vraiment au niveau de l'idée... Les passages auto-plaintifs sur sa propre petite vie ou sur cette copine qui s'énerve d'être filmée à son insu sont guère passionnant... Plus rigolo sans doute, cette femme filmée dans sa bagnole qui parle de sexe sans langue de bois et surprend un peu notre filmeur par son ton direct... tout en en ayant rien à foutre de bloquer la circulation - c'est sûrement le passage avec le plus de vie, celui qui semble le moins "téléphoné"... Bon, un petit film au final qui s'appuie sur un concept qui fera ses preuves, dommage que McBride sur le coup soit peut-être pas assez débridé pour rendre la chose vraiment passionnante.

Le Journal intime de David Holzman (David Holzman's Diary) (1967) de Jim McBride

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