Voilà un dessin-animé qui retrace par « le tout petit bout de la lorgnette du quotidien » une partie de l'histoire anglaise du XXème siècle et ce via un couple moyen, vos parents, mes parents – s’ils avaient appris autre chose que my taylor is rich. Mainwood suit donc la trace de ce couple du début des années 30 à la fin des années 70 : il livre le lait, elle est femme au foyer (un enfant, tardivement) après avoir longtemps été femme de ménage. Un couple sans grande prétention dans une œuvre sans grande prétention qui cherche juste, à l'aide de petites saynètes, de se focaliser sur les micro-événements marquants de cette famille : l'Histoire (l’arrivée d'Hitler au pouvoir, la guerre (quand je dis micro-événement c'est qu'on s'intéresse par exemple plus, en temps de guerre, à la construction d'un abri personnel avec des plaques de tôle, qu'à l'impact global des bombardements sur la population), l'arrivée du parti des travaillistes au pouvoir...), les avancées technologiques (l'élec, la radio, la téloche, la bagnole...), l'inflation... Cette modeste petite famille va son petit bout de chemin, comme semble-t-il tout bon Anglais devant se respecter à cette époque : on suit la marche du monde sans chercher à faire les fanfarons, en se mettant tout juste à la page... Bon, ce n’est pas totalement inintéressant en soi d'approcher nos voisins anglais sous cet angle des plus banalement banals mais avouons que les surprises, forcément, ne sont pas vraiment non plus légion... Il est un peu plus de gauche, elle est un peu plus conservatrice, leurs disputes se limitent souvent à un léger froncement de sourcils, tout va bien dans le meilleur des mondes, la vie va etc... Certes, en temps de guerre, il y a quelques petits bouleversements (le gamin part se mettre au vert) mais même lorsqu'ils sont bombardés, notre petit couple ne se départ jamais de ce calme olympien, affreusement anglais, prenant la pelle et la balayette pour mettre les éclats de vitre dans la poubelle avant d'aller se préparer un thé ou une connerie locale... C'est pour le coup d'une extrême humilité mais aussi, à la longue, terriblement plan-plan à l'image finalement de ces dessins qui manquent un peu de caractères, de relief... Bref, une petite chose animée gentillette venue d'Outre-Manche pour se rendre compte que nos voisins peuvent mener des vies aussi ennuyeuses que les nôtres... Inquiétant, rassurant... Mouais, même pas envie de trancher pour le coup...

Ethel & Ernest (2018) de Roger Mainwood

Partager cet article