Un film australien de djeun's, datant des eighties, avec Michael Hutchence (Mister INXS lui-même pour les plus sourds)... Les voies de Shangols sont impénétrables et devraient sans doute parfois le rester. Plutôt que de regretter mollement d'avoir découvert cette chose du pays des kangourous, reconnaissons-lui au moins une qualité : c'est un beau bordel ; avant que la gloire quitte le Michael et qu'il décide de son propre chef de s'étouffer dans un sac (la poche de kangourou est moins hermétique à ce qu'il paraît), notre type s'amusait à squatter un appart avec tous ses potes et à se la jouer sex (toujours par terre, c'est un rocker), drugs (quelques piquouzes) et rock'n roll (quand il chante, c'est quand même l'aspect le moins drôle de l'histoire). On pense que le film ne va pas oser développer le concept sur cent minutes et bien c'est se mettre le doigt dans l'oeil. L'idée, c'est de foutre le méga boxon à tous les étages de l'appart, déflorer au détour d'une chambre ou de la cuisine une ou deux jeunes filles (c'est très soft) et puis éventuellement finir par mettre le feu à la télé. Quand les flics rappliquent, ils se font gentiment tancer : ils repartent alors la tête basse et le gourdin aussi.

Que dire de plus sur cette chose que certains désignent volontiers comme « cultissime » et qui reste quand même gentiment gentillette (bon l'appart ensuite, il faut le repeindre, on est d'accord) ? Que cette jeunesse des 80's faisait peur aux voisins mais qu'elle n'était pas plus dangereuse qu'un koala ? Que la drogue, attention, parfois ça tue et qu'il faut donc faire gaffe ? Qu'il est pratique d'avoir toujours un préservatif sous la main pour ne pas faire d'impair – la chtite, elle est mineure, on est d’accord ? - mais aussi de la vaseline si jamais on patine ? Que les ptites jeunettes blondes ont plus de succès sur le continent australien que les grosses brunes ? Pour un film à la réputation un brin "sulfureuse" (Flashdance était-il alors aussi perçu à l'époque comme le début de la décadence de l'empire occidental ?), on reste dans le très bon enfant - même si à un moment ou un autre, les jeunes, il faut faire le ménage. Un film sous le haut patronage du chien Laïka qui reste tout de même très très terre-à-terre et aussi rebelle qu'une mèche rouge dans les cheveux. (Shang - 02/05/16)

J'avais complètement oublié que mon compère avait vu ce film, et j'y suis allé gaîment sans avoir relu sa critique. Mal m'en a pris : je suis plus que d'accord avec Shang, c'est proche du nul. D'abord parce que au niveau de la réalisation, c'est d'une confusion totale, d'abord monté au sécateur, puis développant le plan long sans que rien ne justifie ni une forme ni l'autre ; ensuite parce que les acteurs sont nazes, cabotinant dans leurs caricatures de personnages, les uns jouant les drogués fantaisistes et nihilistes (méthode, se rouler par terre, être un crétin des Alpes et regarder la télé à 1 cm de l'écran), les autres les infâmes ennemis (voisins, parents, flics, bourgeois qui ne savent pas s'amuser sans boire). Malgré le discours consensuel du film (la drogue, c'est pas très bien, quand même), on sent que Lowenstein choisit le camp des premiers. Il tente donc de reconstituer quelque chose du chaos de ce qu'il a vécu en tant que punk, condensant en quelques fêtes animées des années d'excès parfois sympathique (hihi on vole un agneau, ahah on se roule sur la moquette avec sa copine avant de la fumer (la moquette)) parfois affligeant (on se pique et on nique des mineures). Sans aucune distance, sans aucun discours, sans aucune hauteur, Lowenstein filme tout ça au ras du sol, seule manière d'attrapper il est vrai son acteur principal : Michael Hutchence, autant fait pour être acteur que moi pour être roi de Flandres, et, au vu du clip infâme qui conclut le film, guère plus apte à la chanson. C'est bien aussi ça, le problème : la musique. Au pire, on ne l'entend pas, le gars coupant systématiquement toute tentative de la faire se développer en longueur ; au mieux on l'entend, mais c'est alors des nazeries néo-punk qui ressemblent plus à de la variété pop-rock qu'à des morceaux des Sex Pistols. A croire que les Australiens sont aussi talentueux en cinéma qu'en musique. Allez, pour être juste, on a quand même de jolies morceaux de Bowie, et une scène assez marrante où un gusse complètement speed annone une chanson révolutionnaire sur un vieux Revox pourri, enfin un peu de crasse dans ce film propre sur lui, ripoliné comme une Mercedes et jamais subversif. Lowenstein a l'air d'ailleurs de s'en rendre compte au cours de la seule scène intéressante du film : une mère qui vient nourrir son fils au sein du squatt, montrant bien que les rebelles ont bien besoin de papa-maman de temps en temps. A part ça, il y a mille fois plus d'aspérités dans The Wall ou dans Gimme Shelter que dans ce film qui ne témoigne que d'une chose : les Australiens ont raté la vague punk (mes hommages à Nick Cave au passage). (Gols - 07/05/18)

Dogs in Space (1986) de Richard Lowenstein

Partager cet article