Place aux chef-d’œuvres ! Je vous sens dubitatif… Shangols, et plus particulièrement Shang d’ailleurs, assumons jusqu’au bout, toucherait-il le fond ? Attention, explication : ce film fait partie (avec La Nuit américaine : Truffaut vs Lang, le combat du siècle) des deux films que nous regardions en boucle avec ma fratrie en période pré-adolescente. Une sorte de madeleine, si vous voulez, non revue (ni goûtée) depuis plus de trente ans… Le constat et le couperet tombent rapidement : ah oui, cela a diablement mal vieilli, dites donc ! C’est en tout cas, diable, toujours aussi régressif et cucul… Dommage, dois-je admettre sans trop d’hypocrisie, que plus rien ne me fasse rire, même le fameux « voilà ta glace Pinocchio ! » ou le génial « elle est belle votre robe ! C’est léger ! C’est bien ! » - oui, tout a définitivement perdu de son charme, même la fantasmatique Sophie Barjac donne l’impression d’être en sciure. Perdu mon âme d’enfant, putain – peut-être aussi, moins regrettable à tout prendre, que mes goûts se sont affinés… Bref, dans l’ex mythique Hôtel de la plage, il est question de deux choses (les deux thèmes de prédilection des Français à travers les âges) : les vacances et le cul. Les vacances pour tous et le cul aussi puisque enfants, pré-ados, ados et adultes sont concernés (d’un petit bisou à la coucherie en passant par le roulage mécanique de galoche). En gros, il y a deux catégories de gens : ceux qui trompent (mari ou femme) et ceux qui sont trompés (pareil). C’est bien souvent les plus dragueurs (parce qu’il y a une morale chez Michel Lang, attention !) qui finissent par se faire tromper ou lourder. Voilà. Alors oui, dans cette ère reculée pré-#metoo, les mains au cul faisaient encore rire grassement les femmes (c’est un film d’homme, of course) et il était de bon ton de renvoyer une image stéréotypée de l’Américain, de l’Asiatique, du Belge – c’était drôle en ce temps. Si le film, dans le côté salace comme dans les vannes ras-la-moquette, ne fait plus guère recette, il faut tout de même relever un casting cinq étoiles : Daniel Ceccaldi, Guy Marchand, Myriam Boyer, Michel Robin ou encore la toute jeunette Anne Parillaud. Une « distribution » digne de la grande époque de l’Académie des neuf ; des jeux tout en nuances, en ricanements, en allusions fines. On assiste encore à de très grands moments : Guy Marchand philosophant sur le bateau (la mer, les potes, c’est quand même plus jouissif que bobonne), des ados draguant des femmes entre deux âges, hésitantes puis partantes, le Belge et Boyer commettant l’adultère dans une chambre d’hôtel. C’est un peu toute la richesse de la culture française mise en pâture, le cul, le vaudeville, la franche camaraderie, le triomphe de la vulgarité et de la facilité : on peut être fiers d’être français nom de dieu. Michel Lang et la célébration de la beaufitude - une madeleine terriblement rance, il est vrai. Mais il est bon parfois de revenir la tête haute sur le lieu de ses crimes cinématographiques. Pfiou, ça vaut une bonne séance de psy.

Hôtel de la Plage (1978) de Michel Lang

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