Une petite gâterie découverte au hasard "internetal" qui nous donne à voir ce bon Robert sur le tournage de Mouchette. Kotulla filme un peu au petit bonheur la chance, sa caméra portable suivant le maître autant sur le tournage qu'à la cantine (on sent bien que Bresson ne voit guère l'intérêt de le filmer en train de poivrer son plat... mais il laisse faire...). Bresson, ce n'est pas une surprise, donne des indications très précises sur les mouvements et sur les gestes de sa jeune actrice ("moins saccadé mais à ton rythme") répétant la scène de nombreuses fois en restant auprès de son chef-op auquel il laisse le dernier mot (tout en lui lançant quelques idées...). On apprécie surtout, au détour de deux ou trois petits entretiens avec le maître, de l'entendre parler : une voix pleine d'hésitation, qui trébuche, qui hésite même si derrière on sent les idées très arrêtées de Bresson sur le septième art ; des images et des sons qui ne prennent sens que les uns par rapport aux autres et une volonté de s'écarter de la littérature ou de la musique. Seule la peinture est une muse qui peut au besoin donner la main au cinéma (Bresson cite Degas, la classe), finit par avouer Bresson, peintre lui-même... Des paroles qui tâtonnent, un regard bas, on sent l'homme plein d'humilité alors qu'il n'a déjà plus grand-chose à prouver dans son domaine. Loin de la nouvelle vague, l'homme réalise des films d'ascète avec un œil que seul un autre adaptateur de Bernanos pourra avoir, notre bon Pialat. Bresson au travail, un petit doc de trente minutes un peu bâclé dans la forme mais qui fait revivre en toute simplicité le French maestro. On prend.

Bresson, le grand boeuf

Au Hasard Bresson (Zum Beispiel Bresson) (1967) de Theodor Kotulla

Partager cet article