Grease est-il la plus grande comédie musicale de tous les temps ? Je réponds tout de suite non, hein, ne sachant à combien de mètres de Gols se trouve le premier défibrillateur (je sais qu'il peut rire de tout, mais pas des comédies musicales - ni des westerns d'ailleurs, ni de Nick Cave ni de Léonard Cohen ni de Bob Dylan... bon, presque de tout). "Grease c'est sympa" annonçait l'affiche française et si on avait ajouté "et un peu con", cela n'aurait pas franchement juré... Mais pas la peine de tirer à boulet rouge sur ce film mythique (ah ?) qui constitue une de mes toutes premières expériences cinématographiques (hors dessins-animés) avec Les 10 commandements (mes parents avaient des goûts éclectiques... ou pas de goût du tout, version que je privilégierais dans le doute) ; j'ai longtemps confondu les deux films, imaginant Moïse dansant comme un dieu, et Travolta séparant les eaux (à bien y réfléchir... non, passons).

Pour partir tout de même d'un bon pied, avouons qu'il est difficile de ne pas s'émerveiller devant la démarche de pingouin de Travolta (au départ, on pense qu'il le fait exprès, puis on se rend compte que, durant tout le film, il garde cette démarche oscillante de kakou) et surtout devant cette magnificence (les mots me manquent) de chaque pas de danse du John : il danse sur l'eau, ce type, si j'osais... Des yeux gris clair, des maxillaires de nageuses russes, un cuir qui lui colle à la peau, non, franchement comment ne pas craquer ? Bon, au delà de ces émotions crypto-gays (dans lesquelles certains de ses comparses succombent d'ailleurs avec une petite gène - l'homosexualité était encore un rien crispante dans ces années où pourtant on était fier de porter banane au front), reconnaissons que les deux "clips" phares ("Summer nights" et "You are the one I want") balancent toujours leur mère : des chorégraphies sur les bancs extérieur de l'école d'un ridicule fabuleux, une sexitude indéniable de notre couple cuiré jusqu'à l'os (relevez tous les symboles phalliques et amusez-vous avec) et des duos d'un romantisme abyssal qui feraient frémir toute bonne guimauve... Rien que ces deux morceaux de choix vous donne la banane (toujours elle) et ce à travers les âges (l'audace du ridicule est parfois franchement atemporelle). On pourrait également, au rayon satisfaction malsaine, relever la séquence elvis-rockissime quand les amis de John imaginent la bagnole de leur rêve et celle diaboliquement fendarde de la danse dite du hand-jive qui m'a fait littéralement tomber de mon lit (je ne suis pas né à la bonne époque, putain, le hand jive c'est quand même autrement plus fun, pardon sympa que le slow, non ?). Mais je me moque et c'est mal. Au final, s'il est malheureusement à noter d'innombrables longueurs et autres gags minables (et une foule de personnages dessinés à gros traits), se remettre un petit coup de Grease dans les cheveux ne peut que donner en ces temps politiquement ternes un peu d'éclat à ses poils. C'est un peu superficiel, voire totalement artificiell, mais foutrement sympa... Et La Boum, avec le recul, ça vaut quoi ? Non, c'est du vice...

Grease (1978) de Randal Kleiser

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